Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à défaut d’être résolu, le sujet de la violence scolaire intéresse.
Qu’il s’agisse du récent rapport de l’UNESCO ou des mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer, l’actuel Ministre de l’Education Nationale, le harcèlement, le cyber-harcèlement et plus largement les violences à l’école sont suivis de près par les institutions en charge de ces questions.
Il faut dire qu’en France, selon l’Unesco, près de 3 enfants et adolescents sur 10 seraient directement affectés par le phénomène.
Soit environ 700 000 élèves, principalement à l’école primaire et au collège, selon les chiffres estimatifs du ministère.
Les réponses apportées par le service public ? Elles gravitent, schématiquement, autour de la prévention par l’information d’une part, de la condamnation des infractions constatées d’autre part.
Entre ces deux solutions, nombreux sont ceux, sophrologues inclus, qui s’efforcent de comprendre et d’aider les élèves victimes de violences scolaires.
Il est très encourageant de constater que près de la moitié des pays pour lesquels on dispose de données ont réduit les niveaux de violence et de harcèlement à l’école. Cela prouve qu’en combinant un leadership politique fort et d’autres facteurs tels que la formation, la collaboration, le signalement et la surveillance, nous pouvons atténuer le climat de peur créé par le harcèlement et la violence à l’école. Tous les enfants et les jeunes ont droit à un environnement scolaire sûr, inclusif et efficace
Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation
Gérer la violence scolaire nécessite de comprendre ces effets
Aborder un sujet comme celui de la violence scolaire multiplie les entrées : la violence se définit selon des normes variables historiquement et culturellement. Elle n’est pas unique mais multiforme, elle est le fait d’individus mais aussi de la société ou de l’institution dans lesquelles vivent ces individus ; analyser ce phénomène suppose une compréhension et une prise en compte des multiples facteurs qui engendrent les comportements de violence.
Annie Feyfant – Chercheuse spécialiste des questions d’éducation
Comme l’explique l’auteure Des violences à l’école, les causes, les modalités et les effets à court et à long terme de la violence scolaire sont nombreux et complexes. Difficile d’en faire ici une synthèse pertinente sans entrer dans le détail des implications, des enjeux, des liens, des contextes qui président à leur compréhension.
S’intéresser à la violence à l’école suppose en premier lieu de qualifier cette violence, et d’en mesurer l’intensité.
De prime abord, une lecture rapide du phénomène peut conduire à affirmer qu’une violence « verbale », répétitive ou non, doit être distinguée d’une violence « physique ». Une insulte ou une injure, qu’elle soit à caractère sexiste, raciste, antisémite…, peut-elle être comparée à un viol, un racket, un tabassage ?
Une analyse plus nuancée inclinerait à appréhender la perception de celui ou de celle qui subit cette violence.
Les faits divers relatant les suicides d’adolescents ayant été victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux n’excluent pas les cas de personnes étant parvenues à une forme de résilience pour des faits plus graves. Corrélés à leurs capacités personnelles, le ressenti des jeunes victimes, la façon dont ils vivent intimement cette violence, conditionnent plus ou moins fortement leur aptitude à la gérer, voire à trouver des solutions pour y remédier.
L’âge, la fragilité émotionnelle, le contexte social et familial… influent, peu ou prou, sur les réactions de la victime. Certains ont la capacité de dépasser cette violence et les émotions qu’elle génère, d’autres moins ou pas du tout.
Il n’appartient certainement pas au sophrologue de porter un jugement, ni sur la nature, si sur le degré d’une violence.
Ainsi, s’il faut exhorter le professionnel à aborder toute forme de violence avec une égale importance, il convient tout autant de l’inciter à ajuster son approche sophrologique à la souffrance telle qu’elle est vécue, perçue par la victime. Et à adapter les techniques de la Méthode au regard de l’importance que l’enfant accorde à la violence qu’il a subi.
La sophrologie comme moyen d’aider les victimes de violences scolaires
La sophrologie est en mesure, avec d’autres disciplines (psychopratique issue de l’École de Palo Alto par exemple), d’accompagner enfants et adolescents souffrant de troubles liés à des violences endurées dans un établissement scolaire.
Préalablement à la structuration des séances de sophrologie, il conviendra d’appréhender la nature de la violence concernée, de comprendre comment elle s’exerce et est vécue par le jeune sophronisant et de fixer les objectifs à atteindre : gérer ses peurs ou ses émotions, apprendre à se faire respecter, renouer avec la confiance en soi…
Le programme de Spécialisation en Sophrologie appliquée à l’enfance et à l’adolescence conçu par l’ESSA est particulièrement adapté à ce type de problématique.
Maturation cognitive et psycho-affective de l’enfant et de l’adolescent, protocole d’accompagnement à mettre en oeuvre, modalités de développement de l’empathie bienveillante, approche du lien parent/enfant… durant 4 jours, le sophrologue diplômé acquiert l’ensemble des connaissances et des compétences nécessaires à une pratique sophrologique dans le domaine de l’enfance et de l’adolescence.
S’il y a une victime de harcèlement scolaire, c’est qu’il y a un harceleur
Menaces, violences verbales, physiques, sexuelles, racket, bizutage… en France, il existe une réponse pénale adaptée et proportionnée à la nature de la violence observée. Une pénalisation qui dans le contexte de l’école, du collège ou du lycée peut s’accompagner d’une « punition » spécifique (heures de colle, exclusion…).
S’il s’avère utile d’inciter la victime et l’entourage à parler des actes de harcèlement subis et des souffrances qu’ils engendrent, et de punir leurs auteurs, il semble que l’on s’interroge peu sur les causes profondes de ces manifestation violentes.
Même si les thérapies comportementales ou cognitives suscitent beaucoup de méfiance en France, É. Debarbieux conseille d’envisager la mise en place de techniques telles que l’autocontrôle (maîtrise de l’agressivité), la restructuration cognitive (faire travailler l’élève sur son rapport au monde, ses automatismes de pensée) et la résolution de problèmes (Debarbieux, 2008). Des programmes de gestion de la colère donnent également de bons résultats, notamment au Québec (Royer, 2005).
Annie Feyfant – Des violences à l’école (2010)
Autrement dit, au-delà des crimes et châtiments des responsables de ces violences, que ne sonde-t-on les raisons, les motivations, et sans doute aussi les souffrances qui poussent un jour un gamin ou un adolescent à en faire souffrir un autre à son tour ?
Comprendre, c’est guérir donc prévenir !
Après tout, il est toujours plus utile d’identifier la source d’un mal si l’on veut trouver le remède adéquat qui peut lui être appliqué pour l’éradiquer. Quelle qu’en soit l’origine (ignorance, problèmes familiaux, échec scolaire, perte de repères, manque de confiance en soi, absence d’empathie…), la violence du bourreau mériterait qu’on s’y attarde. Histoire de protéger sa potentielle victime.
Accompagner aussi l’auteur de violences à l’école : une solution à envisager ?
Auteur : Eric Eymard