Le cancer est à l’existence ce que la canicule est à l’été : un déséquilibre insupportable, une perturbation inadmissible. Alors de même que vous ne laisserez pas quelques celsius impromptus gâcher vos envies de détente et de dépaysement, il n’est pas question que les souffrances tant physiques que psychologiques dues à ce crabe malotru entament votre désir vital. La sophrologie sans doute peut vous y aider.
Le sophrologue ne vainc pas le cancer, il contribue à atténuer certains de ses effets
Vous pouvez l’implorer, le supplier, le maudire ou l’insulter. Le cancer n’a que faire de vos incantations. Il ne prend pas de vacances quand il s’agit de vous tourmenter.
Tumeurs, métastases et autres sarcomes s’installent et progressent tels les morbides envahisseurs qu’ils sont.
La sophrologie ne guérit pas du cancer.
Mais alors pour quelles raisons de nombreux patients ont-ils recours à un sophrologue, en complément des médecines dites non conventionnelles dont ils savent qu’elles n’ont pas d’effets directs sur la guérison ?
Parce que les femmes, les hommes et les enfants atteints d’un cancer aspirent aussi à être !
Elles et ils cherchent dans le regard bienveillant du sophrologue l’humanité dont la pathologie les délestent.
N’être point réduits à ce qu’ils ont mais se sentir écouter pour ce qu’ils sont et ressentent. Voilà l’enjeu !
Sophrologie et cancer s’affrontent pour le meilleur et contre le pire
On l’a dit : la sophrologie s’inscrit dans une approche complémentaire de la médecine; elle ne s’y substitue pas. Elle a pour dessein d’aider l’individu qui souffre dans son quotidien.
Elle a pour mission d’émousser l’influence psychique et émotionnelle néfaste de la maladie, d’aider à vivre mieux l’annonce du diagnostic et à supporter les éventuels traitements qui suivront.
Ce n’est pas la sophrologie seule qui va guérir le patient mais une convergence de médecines.
Anne Ancelin Schützenberger (Vouloir Guérir : l’aide au malade atteint d’un cancer)
Ce parcours sophrologique tend vers une rencontre avec soi
Parce qu’il modifie profondément les perceptions et le vécu de son propre corps, le cancer devient un traître, un ennemi. Il engendre colère, peur, angoisse, douleur, dégoût et rejet.
Le sophrologue doit aider la personne dont il a la charge à accueillir ces sentiments et ces émotions comme faisant partie d’un processus naturel et légitime.
La conquête du corps est la première étape sophrologique; elle prend tout son sens dans le contexte douloureux de la maladie.
La respiration est la manifestation rassurante de ce corps vivant à chaque instant. Y compris lorsque les organes respiratoires sont touchés.
C’est en se concentrant sur le rythme régulier de cette vie qui perdure que le mental peut poser son attention. Instant après instant, progressivement. Ce mouvement vital devient le point d’ancrage d’une attention particulière, une attention positive et bienveillante qui va initier un nouveau rapport à soi.
Mais de quelle attention s’agit-il ? Au début, agitée, fuyante, négative, anxieuse puis de plus en plus apaisée par cette alliance qui se tisse sur le chemin de l’amitié d’un corps qui n’est plus réduit à sa tumeur mais un espace tout entier à vivre.
Certes, l’exercice est malaisé. Il requiert patience et persévérance tandis que la douleur et la fatigue s’immiscent jusqu’à parfois changer le paysage intérieur et faire perdre foi en la vie.
Cette pratique sophrologique offre l’occasion de s’octroyer un peu de temps rien que pour soi et de l’inscrire comme un rituel quotidien durablement. Un rituel qui va bien au-delà du temps de la maladie et de la guérison.
La sophrologie, une thérapie existentielle contre la cancer ?
Le vécu d’un cancer s’imprime dans l’histoire d’une vie. La sophrologie ne permet pas d’effacer le souvenir mais de l’inscrire dans un contexte de vie qui fait sens.
Le sophrologue spécialiste en sophrologie existentielle est le garant de la relation thérapeutique et de la méthode existentialiste conçues par le professeur Caycedo et enseignée dans le cycle supérieur à l’ESSA (RD 5 à 12) :
Aider la personne à reconstruire sa propre intériorité, c’est l’objectif !
C’est grâce au processus d’individuation, concept clé de l’approche du psychiatre Carl Gustav Jung, que la sophrologie existentielle permettra au sophronisant de trouver les valeurs fondamentales qui donneront un sens profond à sa vie : liberté, responsabilité, dignité.
J’emploie l’expression d’individuation pour désigner le processus par lequel un être devient un individu psychologique, c’est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité.
Carl Gustav Jung
Ce principe de réalité existentielle donne progressivement à l’individu le sentiment d’exister dans sa singularité, de connaître et reconnaître ses désirs intimes et profonds, de s’accueillir en devenir, de s’accepter et de se réaliser dans son identité. Il permet la construction du vrai self qui désigne l’image que le sujet se fait de lui-même, image qui se construit par l’accueil et l’acceptation de soi, en référence à la notion de Donald Woods Winnicott qui a notamment distingué le vrai self du faux.
Extrait du support de formation de spécialisation en sophrologie phénoménologique appliquée à la Relation d’aide.
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Auteur : Anne Almqvist