En France, entre 350 et 400 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année. Et en 2018, plus de 150 000 personnes n’ont pas survécu à la maladie. Pour certains (ils étaient estimés à 3 millions en 2015), la rémission est pourtant possible. Mais alors comment vit-on après un cancer ? La sophrologie permet-elle d’accompagner ces personnes et de soulager ou d’atténuer les séquelles de ce qu’il convient d’appeler un calvaire ?
Le cancer résulte de la multiplication anarchique de certaines cellules de l’organisme. Ces cellules prolifèrent d’abord localement, puis dans le tissu avoisinant, puis à distance où elles forment des métastases.
Santé Publique France
Le cancer sur le triste podium de la mortalité
Toutes localisations physiques confondues (il en existe une vingtaine au total), le cancer est la première cause de mortalité pour les hommes, la seconde pour les femmes.
Les cancers du poumon chez les premiers, du sein pour les secondes étant les plus mortifères.
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Alors que le nombre de nouveaux cas identifiés chaque année a tendance à augmenter, sur les 30 dernières années, le taux de mortalité a diminué. Les progrès réalisés en matière de dépistage et de traitements des cancers contribuent à ce recul.
Reste que la prise en charge des personnes atteintes d’un cancer a des répercussions profondes et durables sur les existences des individus concernés. Outre les conséquences physiques liées au parcours de soin mis en place et aux évolutions de la maladie, les incidences socio-économiques ne sont pas anodines.
Les perspectives de guérison et de survie à long terme évoluent très favorablement pour nombre de cancers, mais les progrès sont inégaux et parfois très faibles. La maladie demeure une épreuve difficile pour les personnes touchées, tant au plan physique que psychologique. Elle est aussi, trop souvent, synonyme de ruptures dans la vie sociale et professionnelle.
Institut National du Cancer
Aux effets physiologiques des traitements (nausées, maux de ventre, pertes des cheveux, fatigue…), s’ajoutent les bouleversements de la vie personnelle et sociale. Corps, mental et émotions sont durement sollicités.
Vivre après un cancer ou comment revivre tout court ?
L’annonce d’un cancer effraie à juste titre. Elle ne doit pas pour autant laisser à penser que l’issue tragique est la seule envisageable.
On peut guérir d’un cancer. Pourtant, le corps médical, avec la pudeur cartésienne qui le caractérise, lui préfère souvent le terme de rémission. En cancérologie, le doute prévaut sur la certitude. Il révèle l’incapacité du médecin à offrir au malade ce qu’il désire plus que tout au monde : une certitude. Heureuse si possible.
En cancérologie, la vérité de la guérison a une formulation probabiliste. Puissante auxiliaire du vrai, la démarche statistique concerne des groupes de malades, du collectif, alors que c’est un individu unique et singulier qui interpelle le médecin. C’est sa guérison à lui qui l’intéresse. Ce mot de rémission est lourd d’incertitude. Il évoque une guérison douteuse, approximative, hypothétique, partielle, provisoire.
Docteur Dominique Gros – Rose-up.fr (août 2017)
En règle générale, la guérison est signifiée lorsque le patient atteint d’un cancer n’a subi aucune rechute pendant 5 ans.
Mais les personnes ayant surmonté les affres d’un cancer et s’étant entendues dire qu’elles étaient en rémission sinon guéries finiront par le découvrir : d’autres épreuves les attendent.
La fin d’un cancer est indéniablement une bonne nouvelle. Autant pour celui ou celle qui en a directement souffert que pour celles et ceux qui l’ont côtoyé. Elle n’est pas nécessairement synonyme de vie en rose immédiate.
Des soucis liés aux séquelles thérapeutiques peuvent perdurer : acouphènes, insomnies, altérations de la mémoire, problèmes de concentration…
Sans compter que la crainte, souvent irrationnelle, que le crabe haï ne resurgisse peut aussi perturber l’humeur, nuire au moral, assombrir les relations avec l’entourage. Pas simple de gérer ses émotions en pareille situation. Pas facile de renouer avec cet équilibre vital vecteur d’épanouissement et de sérénité retrouvés.
Le corps médical ? Il n’entre pas dans ses prérogatives d’aborder cette nouvelle réalité objective. Sa mission consiste à circonscrire la maladie, à traiter la pathologie. Elle s’arrête là où commencent les sentiments de doute, de solitude, d’anxiété, de stress du patient. Ils sont renforcés lorsque le contact et l’assistance des médecins se font plus épisodiques.
Se présente alors cette nouvelle réalité impermanente mais néanmoins objective que nous avons besoin d’accueillir et s’approprier. Un nouveau schéma corporel à intégrer, un nouveau rythme imposé par des capacités physiques encore réduites, peut-être un changement de vie personnel ou professionnel qui nous apparaît maintenant comme vital. Cela peut prendre du temps avant d’en arriver là, et peut même passer par une dépression souvent passagère, dite réactionnelle, comme un contre coup de toute l’énergie qui a été mise dans la bataille pour sauver sa vie, et maintenant derrière nous.
Marie-Aude Gou
La sophrologie pour accompagner l’après cancer
Si la « gestion » de l’après cancer fait bien partie des objectifs du dernier Plan Cancer (2014-2019), les moyens mis en oeuvre sont surtout le fait de bénévoles et d’associations.
Le PPACT (Programme Personnalisé d’Accompagnement Thérapeutique) imaginé par le Dr Jean-Loup Mouysset dans le cadre de la Fondation Ressource est un exemple parmi d’autres de cette prise en charge complémentaire.
Elle s’inscrit dans une oncologie intégrative (ou « soins de support ») qui fait intervenir des disciplines telles que l’homéopathie, l’hypnose, l’acuponcture… et la sophrologie.
La sophrologie comme médecine alternative pour « s’ouvrir à soi plutôt que se refermer sur soi », comme le dirait Marie-Aude Gou.
Dans un article consacré à ce sujet qu’elle connaît bien, cette sophrologue spécialiste en thérapies de Relation d’Aide et prévention de santé, praticienne certifiée en Méditation de Pleine Conscience (Mindfulness) et en hypnose, Présidente du Pôle Santé du Réseau Professionnel National des Sophrologues, décrit le long processus de ré-appropriation du corps, de l’esprit, des émotions grâce à la sophrologie.
Pour ma part, j’ai eu la chance de rencontrer cette discipline à l’hôpital en tant que patiente après une 2ème rechute de cancer, en complément des suivis médicaux et psychologiques indispensables. Cela a été une révélation et m’a apporté une très grande aide.
J’y ai découvert et expérimenté l’activation de la conscience, de la présence à soi, de l’écoute intérieure, du lâcher prise, de l’accueil des sensations et fait l’expérience de la phénoménologie (ce qui se donne à voir ici et maintenant, de manière positive, sans jugement, sans interprétation), avec des techniques simples et faciles pour apprendre à s’écouter, se détendre en toutes circonstances et donc à relativiser pour moins ruminer, à apaiser des douleurs, à reprendre confiance en soi, retrouver l’estime de soi, accepter ce corps meurtri, se préparer mentalement, optimiser ses capacités et ses potentiels pour des projets futurs sur le chemin de la résilience…
J’ai pris grand plaisir à retrouver chaque semaine ma sophrologue en me laissant guider, pour me sentir au fil des rendez-vous et de la répétition des séances chez moi, de plus en plus ancrée et actrice de mes choix et de ma santé.
Marie-Aude Gou
L’article intégral de Marie-Aude Gou : Cancer, la sensation de vide après l’arrêt des soins…
À lire la prose de cette dame, on se prend à penser qu’une vie après le cancer est enfin possible.
Auteur : Eric Eymard