Je mets mon blouson, ajuste mon bonnet, enfile mes gants et claque la porte. Me voilà parti. À peine dehors, la mémoire me revient. Le masque. J’ai oublié le masque. Alors je fais comme elle. Comme ma mémoire : je reviens sur mes pas pour m’emparer de l’objet honni.
Il aura suffit de quelques secondes. Il aura fallu que les regards mystérieux me dévisagent dans ma nudité faciale pour que je comprenne mon forfait.
Le masque sacrebleu ! Assassin ! Hors-la-loi !
Il n’est pas nécessaire d’entendre les paroles contenues derrières les bouches invisibles pour comprendre.
Les prunelles assombries, les glabelles crevassées, les sourcils froncés y pourvoient. Ils se révèlent tout aussi éloquents que les invectives feutrées de la foule qui se heurtent au tissu protecteur.
Covid-19 : vivons caché, vivons masqué !
Qu’il soit bleu hôpital, blanc immaculé, noir funeste ou rose bonbon, le masque est devenu incontournable puisque obligatoire à défaut d’être seyant.
Le porter c’est cacher son humanité. C’est faire disparaître sa singularité d’individu. L’ôter c’est se rendre présumé coupable de tentative d’assassinat. L’alternative n’incline guère à l’ataraxie.
C’est pourtant le monde qui nous est imposé jusqu’à nouvel ordre.
Confinement, masque, couvre-feu : le triptyque anxiogène
S’il n’y avait que le masque… mais il y eut ce désespérément long confinement en mars dernier, le couvre-feu il y a peu et ce reconfinement aujourd’hui. Souhaitons que cette sinistre trilogie ne se transforme pas en cycle.
Au risque d’accroître un mal-être d’ores et déjà présent.
Hausse de la consommation d’antidépresseurs et d’anxiolytiques, augmentation des états dépressifs, des troubles du sommeil… les conséquences de la pandémie ont été plus ou moins fortes selon les personnes concernées, leur sexe, leur âge, leur situation financière, leur zone d’habitation…
Les dispositifs d’enquête organisés depuis le printemps par Santé Public France l’ont montré. Le niveau d’anxiété constaté s’est révélé être près du double de celui observé trois ans plus tôt.
La situation de confinement et ses conséquences psychosociales et économiques mais aussi la peur, pour soi et ses proches, de la contamination, du virus, de la maladie et de ses conséquences (atteintes somatiques graves et décès) sont des facteurs qui agissent sur la santé mentale des Français.
Santé Publique France • Avril 2020
Conseils avisés, ressources en ligne pléthoriques, numéro vert gratuit et vidéos sommaires (Ma vie quotidienne pendant le confinement)… des actions ont été mises en place par les ministères et les instances concernés.
Avec plus ou moins d’inspiration…
La sophrologie peut-elle aider à mieux vivre son quotidien masqué ?
À l’instar d’autres médecines alternatives, la sophrologie est utilisée en complément de traitements médicaux traditionnels ou de troubles variés. Maladies chroniques, problèmes de sommeil, douleurs, détresse émotionnelle, stress, addictions… cette « pédagogie de l’existence » telle qu’elle est parfois nommée a des bénéfices avérés en termes de qualité de vie et de bien être.
Le contexte de crise épidémique et de règles contraignantes associées ont des répercussions dont on peut voir les effets sur notre quotidien. Ces conséquences influent sur notre rapport aux autres. Elles peuvent, on l’a vu, engendrer angoisses, stress, troubles du sommeil…
Le port obligatoire du masque n’est pas la moindre de ces contraintes déstabilisantes et anxiogènes que la sophrologie peut aider à émousser ou à traiter.
La respiration est l’une des clé de la sophrologie.
La respiration compte parmi les besoins fondamentaux de la pyramide de Maslow. Elle est donc vitale ! Bien respirer contribue à l’équilibre interne et constitue l’un des socles de la sophrologie.
Alors respirons.
Pas si simple avec le masque me direz-vous !
Qu’importe ! Lorsque vous jouissez pleinement d’un moment de solitude (lesquels ont tendance à se généraliser depuis mars dernier !), profitez-en pour exercer votre respiration par le ventre.
La méthode est idéale pour émousser le stress d’une journée confinée-masquée et favorise le sommeil.
Pratiquez la relaxation dynamique avec votre sophrologue préféré !
Créées par Alfonso Caycedo, ces techniques de relaxation parfaitement codifiées mènent à la « conquête et à l’acquisition » de sa propre conscience.
Pratiqués, selon les cas et les contextes sanitaires, seul ou en groupe, debout ou assis, ces exercices monopolisent le corps ou l’esprit par un enchaînement de stimulations (méditation, concentration, sons…).
La sophrologie nous apprend à lâcher prise…
Alors lâchons prise.
Faisons preuve d’empathie en pensant aux dentistes, aux chirurgiens, aux ouvriers du bâtiment et des travaux publics… à toutes ces professions pour lesquels le masque était une obligation bien avant qu’elle ne le devienne pour nous.
Efforçons-nous d’accepter la situation dans la bonne humeur afin de ne pas rester focaliser sur cet inconfort. Voyons ce qu’elle peut engendrer de positif dans une perspective de résilience.
Et puis, pour mieux accepter le masque, pensons au fait…
- qu’il protège les soignants, mais aussi le plus vulnérables,
- qu’il peut s’appréhender comme une bulle protectrice de son monde intérieur,
- qu’il pourra vous préserver des bises glaciales de l’hiver,
- qu’il contribuera à dissimuler les émotions que vous ne souhaitez pas partager,
- que fasse à une cohorte de regards fixés sur vous, il rassurera les plus timides…
Bref, à vous d’inventer le joyeux et grand bal que le monde est en passe de devenir, pour détourner le mot de Vauvenargues.
Ne laissons pas cet avorton importun nous gâcher l’existence ! Et prenons soin les uns des autres.
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Auteur : Eric Eymard