Arnaud Desjardins nous a quitté le 10 août 2011 à l’âge de 86 ans. Il nous laisse une œuvre cinématographique et philosophique remarquable, qui dispense un enseignement universel et applicable par tous, résolument moderne, tout en restant fidèle à l’essence des traditions les plus anciennes.
À la lumière de cette éternelle sagesse, son départ ne peut que nous rappeler, avec le titre de son dernier livre, à tenter de reconnaître « la paix toujours présente », cette joie qui demeure, et qui, comme le soleil, continue toujours de briller derrière les nuages les plus noirs et les orages les plus violents de notre existence.
Que les phénomènes soient nommés « blancs » ou « noirs », « bons » ou « mauvais », « tristes » ou « heureux », l’espace même de la conscience qui permet de les accueillir sans jugement et donc de véritablement les accepter, demeure par nature parfaitement tranquille et serein, comme le silence derrière la manifestation des sons.
Arnaud Desjardins pratiquait une forme de sophrologie spirituelle…
Cette paix ne se prouve ni se réfute : elle se réalise. Elle ne demande pas de croyance, elle se vérifie par l’expérience. Elle demande d’être sincère, de se remettre en question pour lui être disponible. C’est encore une affaire d’attention et de conscience de soi, d’ouverture et d’écoute. Et c’est aussi ce qu’Arnaud Desjardins essaye de nous faire entendre :
« Ce à quoi je peux vous amener, c’est à vous poser, vous, la question de ce que nous appelons « la vie et la mort ». Est-ce que je peux arriver, moi, à une certitude qui soit la mienne, maintenant, et non pas chercher dans des textes dont aucun ne peut vraiment me prouver ce qu’il me dit ? Vous ne pouvez trouver le secret de la mort que si vous trouvez le secret de la vie et le secret de l’être. »
Pour cela, il n’a cessé d’inviter ses élèves et ses lecteurs à reconnaître cette paix joyeuse et sans objet, cette présence permanente que le zen qualifie de « non-née », en arrière-plan des phénomènes éphémères et contraires qui ne font que passer.
Comme il l’enseignait, il n’avait cessé « d’aller vers la mort en conscience ». Pour lui faire bon accueil. Pour célébrer à chaque instant ce que l’être humain a de plus profond, et dont la simple saveur suffit à nous défaire de la peur qu’engendre l’idée même de notre propre finitude.
Et si ce que nous avons de plus intime est aussi ce que nous avons de plus commun, je ressens que me souvenir et me rapprocher de l’autre me demande encore d’être au plus près de moi-même, là où la paix est toujours présente et là où les morts, peut-être, n’ont jamais été aussi vivants.
Pierre Bonnasse
À lire d’Arnaud Desjardins: Pour une mort sans peur (La Table Ronde, 1983); La paix toujours présente (idem, 2011), Adhyatma-Yoga, …etc.
À voir: Ashrams (1959), Zen ici et maintenant (1971), Soufis d’Afghanistan (1974), etc.