Ce matin, mon voisin m’a souri. Un large et long sourire inhabituel. Celia, ma boulangère, m’a offert deux croissants lorsque je suis allée acheter mon pain. Et sur le chemin du retour, même ce chien qui a pris l’habitude d’aboyer quand je le croise était silencieux. Le monde avait-il subitement changé ?
L’humanité s’était-elle transformée au point de préférer bonté, gentillesse et bienveillance aux manifestations d’humeurs, d’énervements, d’impolitesses, d’égoïsme, de méchanceté… qui jalonnent notre quotidien urbain ?
C’est bientôt la journée internationale de la gentillesse mon amour ! m’a dit mon époux.
Ah ! Ai-je répondu interdite. Il s’agissait donc d’une gentillesse éphémère me suis-je dit déçue. Au moins certains ont-ils pris un peu d’avance. C’est encourageant.
Les célébrations de la gentillesse et autres invitations munificentes sont légion
Née au Japon dans les années 60, reprise il y a plus de 20 ans par une organisation caritative anglo-saxonne, la Journée de la gentillesse a essaimé partout dans le monde. Aujourd’hui, une trentaine de nations s’activent et relaient les préceptes du World Kindness Day.
En France, nous fêterons la gentillesse le 3 novembre.
Journée de lutte contre le harcèlement scolaire, Journée internationale de la tolérance, Journée mondiale de la générosité et de la solidarité, Journée internationale des câlins, Journée mondiale sans téléphone…
Chaque jour ou presque, nous éprouvons le besoin de célébrer une noble cause. Cela prouve combien sont nombreuses et nécessaires les occasions de changer le monde. Cela démontre aussi notre incapacité à y parvenir.
N’est-ce pas le comble de l’absurdité que de fêter la paix, la tolérance, la générosité ou la gentillesse ? Est-il si naïf d’imaginer qu’il devrait être dans l’ordre naturel des choses que ces qualités priment ?
C’est un don de douceur et d’attention fait à autrui. Je suis toujours épaté du regard condescendant ou méfiant qu’on porte parfois sur la gentillesse. On la soupçonne volontiers d’être l’expression d’un manque: si on est gentil, c’est qu’on ne peut pas faire autrement, c’est parce qu’on est faible ; si on était fort et puissant, plus besoin d’être gentil. Ou bien on s’imagine qu’elle cache quelque chose : la personne gentille attend forcément quelque chose en retour. Mais la gentillesse peut-être simplement un don, sans conditions et sans attentes ! On donne, et puis on verra bien ; et on continue, même si on ne voit rien. Alors, on n’est pas gentil pour obtenir quelque chose, on est gentil parce que ça fait du bien, aux autres et à soi, et que ça rend le monde plus agréable et plus vivable.
Christophe André – Et n’oublie pas d’être heureux : Abécédaire de psychologie positive
Il faut être bien sot ou bien mal dans sa peau, ou bien peut-être même les deux pour faire rimer gentillesse et faiblesse. Ou encore bienveillance et défiance.
Alors je me demande : qu’attend-on pour être des gens bien ? Qu’attend-on pour être gentil ?
Pratiquer la sophrologie, se former à la sophrologie, c’est célébrer la gentillesse !
Je crois profondément qu’il existe des êtres gentils. Certains diront que c’est dans leur nature. Moi je pense que cette gentillesse est le fruit d’une réussite personnelle.
Je dirais qu’elle est la résultante d’une béatitude éclairée et voulue. Il faut être bien dans son corps et dans sa tête pour être gentil. Il faut s’aimer pour aimer l’autre et lui prodiguer de la bienveillance. Il convient d’avoir appris à gérer et même à dompter ses émotions.
La sophrologie est assurément un sponsor enthousiaste de la gentillesse…
Rancoeur, haine, nostalgie, colère, susceptibilité, jalousie, envie, tristesse… la palette des émotions négatives est aussi vaste que leurs répercussions sur son entourage et son environnement sont préjudiciables.
Apprendre à reconnaître ces émotions néfastes pour réussir à les gérer, c’est donner une chance au plaisir, à la sérénité, au bien-être, à l’euphorie… d’exister.
Ce travail sur soi, difficile, exigeant, conduit invariablement à la gentillesse et à la bienveillance envers autrui, si tant est qu’il soit mené à son terme.
De nombreuses études ont montré combien la gentillesse, le don de soi, l’altruisme… influaient positivement sur la santé. Certaines d’entre elles avancent qu’être gentil diminue les risques de dépression, d’autres que cela contribue à réduire le stress ou favorise la gentillesse chez autrui en retour.
Et le sophrologue un vecteur, un transmetteur de gentillesse !
Parce que le sophrologue offre une écoute pleine et entière à la personne accompagnée. Parce qu’il contribue à faire émerger, sans jugement, les valeurs, les potentialités, les qualités du sophronisant, alors oui ! la gentillesse et la bienveillance sont des conditions nécessaires de l’exercice de la sophrologie.
Rompus à l’exercice d’une bienveillance professionnelle qui fait écho à la relation d’aide Rogérienne, les sophrologues que nous formons à l’ESSA sont aux antipodes des praticiens en quête de reconnaissance. À l’opposé de ces charlatans à la fois otages et geôliers de cette relation sauveur-boureau-victime, pernicieuse et infernale que décrit Karpman.
Le sophrologue n’est pas un sauveur. Il serait plutôt un passeur ego-bienveillant, dont les douces attentions favorisent l’épanouissement et libèrent la simple, unique et vraie gentillesse.
Et vous, que ferez-vous dimanche 3 novembre pour la Journée internationale de la gentillesse ?
Séance de sophrologie égo-bienveillante
Attentif à ma respiration, que j’accueille et dans laquelle je m’installe dans une entière présence considérative. Mon esprit est juste là, disponible et concentré, là, ici et maintenant pour saisir l’instant tel qu’il est.
Puis, je laisse venir un de mes besoins, celui de l’instant, je l’accueille avec considération et bienveillance et je prends conscience de cet acte de gentillesse à mon égard et plus particulièrement envers ce besoin.
Peut-être que juste cette attention bienveillante suffira à répondre à mon besoin identifié ou alors, peut-être qu’un acte de gentillesse envers moi va apparaitre comme une évidence pour y répondre. Si rien n’apparait, je le respecte avec sagesse. Je l’accepte, car l’intention initie le chemin conscient et inconscient à suivre comme un levier existentiel.
Lorsque les besoins fondamentaux sont satisfaits, je peux alors pleinement être disponible pour autrui et faire acte de gentillesse.
Auteur : Anne Almqvist