Certes, les Journées sans téléphone portable n’ont pas le retentissement médiatique d’une fervente St Valentin ou d’une émouvante fête des mères. Il faut malgré tout reconnaître à Phil Marso, son initiateur, une certaine opiniâtreté. Depuis son lancement en 2001, l’invitation à lutter contre l’addiction au portable en se délestant provisoirement de son smartphone n’a connu aucune interruption majeure.
La sophrologue que je suis ne peut que se satisfaire de ce lâcher prise numérique. Même s’il est éphémère. Les addictions, quelles qu’elles soient, sont facteurs de stress, d’angoisse, d’anxiété.
Le smartphone a succédé au téléphone mobile
Nés en France au milieu des années 80, les premiers téléphones déplaçables étaient plus mobiles que portables en raison de leur encombrement conséquent. Il fallut attendre une décennie supplémentaire pour s’offrir un appareil suffisamment compact à enfouir dans sa poche.
Lister les différences entre un smartphone d’aujourd’hui et son ancêtre d’alors reviendrait à comparer Internet et le Minitel. Un monde les sépare.
Tandis que les premiers appareils suffisaient à contenter nos ardeurs volubiles, les smartphones contemporains concentrent nos mondes numérisés dans quelques centimètres carrés. Parler, écrire, écouter, regarder, acheter, partager, commenter… cette excroissance miniaturisée, ce prolongement digital de notre univers intime autorise les agissements les plus variés, et souvent les plus vains.
À tel point que l’objet trône sans interruption à portée de main, de vue ou d’oreille, c’est selon. Et que selon une étude de KBPC, nous passerions en moyenne 2h par jour sur l’engin. Soit 2 jours et demi par mois d’affilée tout de même !
L’addiction au smartphone est-elle dommageable ?
Nomophobie. C’est le terme donné à cette addiction par le docteur David Greenfield, fondateur du Centre des dépendances à Internet et à la Technologie.
Parmi les plaisantes sensations identifiées par le chercheur américain pour illustrer cette « peur de perdre son smartphone » : accélération du rythme cardiaque, panique, nausée, tremblements… Sans compter la diminution de la capacité de concentration et de mémorisation, les phénomènes d’isolement ou les risques de diminution du QI relevés par certains.
Bien qu’elle ne figure pas encore dans la liste des troubles mentaux répertoriés par le DSM, la nomophobie concernerait plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde.
Téléphone portable : plutôt se prendre en main que de l’avoir toujours en main !
L’idée de Phil Marso est donc louable. Bien qu’elles puissent paraître équivoques, ces Journées sans téléphone portable n’ont pas vocation à prôner l’abandon complet et ponctuel du portable. Elles visent davantage à favoriser son utilisation maîtrisée. L’auteur de « Tueur de portable sans mobile apparent » est moins un fanatique opposant des NTIC qu’un adepte du lien social retrouvé.
Dans la continuité de l’interdiction des mobiles à l’école décrétée par Jean-Michel Blanquer à l’été dernier, les 19e journées sans téléphone portable de Phil Marso qui se tiendront les 6, 7 et 8 février prochain coïncident avec la sortie de son dernier roman policier. L’événement a beau servir de prétexte à promotion commerciale, il n’en répond pas moins à la volonté d’activer une prise de conscience profitable.
Dépendance au téléphone mobile : le regard d’une sophrologue
Face à l’utilisation du téléphone, deux types de comportement peuvent être observés.
- « L’absence de smartphone ne changera pas mon quotidien, je ne m’en sers pas souvent et je l’oublie régulièrement« , voire « Oui, pourquoi pas m’en passer, ça me ferait du bien« .
- « Je ne peux pas l’imaginer ! Comment vais-je faire pour consulter mon agenda, honorer mes RDV, et si j’ai besoin de contacter quelqu’un en urgence ?«
Dans le premier cas, la suggestion ne génère aucun stress particulier. La réaction témoigne d’une liberté et d’une tranquillité d’être. Ces personnes savourent le silence, le vide est plénitude. Il est fait bon usage du téléphone et qui sait si la sophrologie se sert pas de moyen de se ressourcer ?
Ces réponses témoignent d’une capacité à prendre du recul, à tenter de nouvelles expériences, à être dans la dynamique du mouvement et d’une évolution. Liberté, créativité, faculté d’adaptation… les perspectives de changement se muent en opportunités. Elles révèlent une philosophie de vie et une dynamique psychique proches de celles qu’enseigne la sophrologie.
Dans le second cas, la peur a ses raisons que la raison ignore.
Le mental s’empresse de justifier tant bien que mal la non séparation, vécue le cas échéant comme un divorce non consenti. Activités multiples, impérieuses nécessités personnelles et professionnelles… symptomatiques de la dépendance, les prétextes les plus alambiqués masquent le déni d’une réalité qui ne doit, qui ne peut exister.
L’asservissement et la soumission existent bel et bien, mais elles restent recluses dans les tréfonds d’un nihilisme fallacieux.
Ne rien dire. Laisser l’émotion s’exprimer et s’emparer de soi. Autoriser l’anxiété à se manifester, subir l’agitation, la respiration qui s’accélère et l’angoisse qui remplit le vide ou l’idée du vide. Demeurer dans la dépendance de cet objet fabuleux qui vampirise, qui devient une condition existentielle, un prolongement de soi.
Le recours à la Sophrologie peut constituer une alternative dès lors qu’elle se fait avec l’accompagnement d’un spécialiste, dans le cadre d’un entrainement répété et régulier. Elle favorise alors un regain de lucidité, un autre regard sur sa propre existence. Source de lâcher prise, elle incline à se ré-approprier les saveurs délicates de la sérénité, à renouer avec l’instant présent, à retrouver la chaleur du lien avec autrui et à se libérer de l’anxiété.
5 conseils sophrologiques pour émousser l’addiction au smartphone
- Prenez de la distance avec votre téléphone portable. N’utilisez plus votre téléphone mobile comme réveil matin et chargez-le dans une autre pièce que dans la chambre.
Instant sophrologique : au réveil, place au temps des étirements, prise de conscience de ses bienfaits et des plaisirs qu’ils procurent; parlez à votre conjoint en le regardant ou prenez du temps avec vous-même en découvrant le plaisir de la respiration consciente. - Libérez-vous des nombreuses alertes et notifications dont vous abreuve votre téléphone afin qu’il vous laisse l’autonomie et la liberté de le consulter de temps à autre.
Instant sophrologique : observez l’espace qui s’offre à vous, la tranquillité qui se dessine, le stress qui s’abaisse et les tensions de la nuque qui se libèrent rien que par le simple fait de regarder plus souvent loin devant vous. Si vous habitez la montagne ou le bord de mer, observez la ligne d’horizon et respirez l’espace et la vie. Si vous habitez en ville, fermez les yeux et imaginez l’horizon que vous observez par la force de votre imagination et de votre concentration. - Aux repas, votre téléphone est en mode silencieux. A moins que vous n’ayez développé une aptitude à manipuler votre portable du pied, la mastication d’un sandwich aux crudités ne facilite guère les discussions enflammées. Profitez-en pour faire une pause numérique !
Instant sophrologique : c’est le moment de laisser tous vos sens s’exprimer, du palais aux narines en passant par l’écoute… Et si vous êtes seul, savourez tranquillement votre sandwich aux crudités, histoire de bien le digérer ! - Dans les transports, faites une pause culturelle, musicale, nostalgique…. En voiture, oubliez le monde environnant avec vos classiques préférés. En métro ou en bus, retrouvez le contact avec le papier d’un livre et le plaisir de vous arrêter sur un phrase sujette à rêverie.
Instant sophrologique : lâchez prise en vous laissant bercer et vous remémorant de bons souvenirs pour en faire une expérience heureuse dans l’instant. - Sortir avec des amis en se donnant le mot « une soirée sans téléphone, une soirée rien que pour nous »
Instant sophrologique : Savourez pleinement dans l’instant et soyez gourmand des saveurs prononcées de l’amitié.
Et puis constatez : au bout de ces 3 jours, votre état de stress aura diminué au profit des petits plaisirs sains de la vie.
Auteur : Anne Almqvist