Une fois diplômé, le sophrologue qui exerce en libéral est seul. Seul face au sophronisant, à la prise en compte de son trouble et au choix des techniques à exploiter. Isolé de ses confères et consoeurs praticiens.
N’était l’existence du Réseau ESSA, le sophrologue n’aurait d’autre alternative que de vaquer à ses occupations professionnelles en solitaire, tel un skipper hauturier.
Outre sa vocation à faire rayonner les bienfaits de la sophrologie auprès du plus grand nombre, le Réseau Professionnel National des Sophrologues est un espace de rencontre et d’échange. Chacun peut questionner, interroger, expliquer, raconter… et profiter à son tour des expériences vécues par ses alter-ego.
Un partage mutuel parfois source de surprise, de découverte ou même de sourire.
Mais un partage qui s’exprime toujours avec l’inébranlable bienveillance qui anime le sophrologue professionnel digne de ce nom.
Aujourd’hui, Isabelle, Sébastien et Manon, tous trois sophrologues et membres actifs du Réseau, nous font part des interventions qu’elles et il ont pu être amenés à développer grâce aux formations dispensées par l’ESSA.
Isabelle Talpain, sophrologue spécialisée dans l’Hyper-sensibilité
Dans son cabinet, Isabelle Talpain reçoit des enfants, bien souvent à Haut Potentiel ou présentant des troubles des émotions, de l’apprentissage, de l’activité.
Quand les émotions d’un enfant débordent ou qu’il ne parvient pas à gérer cette énergie qui l’empêche de rester calmement assis en classe, il faut expliquer. Expliquer ce qui leur arrive, expliquer ce qu’ils vont pouvoir mettre en place.
Ces précisions favorisent leur compréhension de ce qu’ils vivent et les font souffrir ou les handicapent. Elles contribuent à émousser leur niveau d’anxiété et à amplifier leur capacité de concentration.
En mettant des mots sur leurs sensations, ils accueillent leurs émotions avec plus d’assurance et permettent à leur corps de bien vivre chaque instant. Quand la concentration est là, chaque chose se fait en son temps, le corps tout entier en ressent les bienfaits.
Je leur propose des exercices pratiques de respiration en conscience, je leur donne des petits trucs pour se souvenir de respirer calmement, de revenir à l’instant présent.
Par exemple je les invite à bouger leurs orteils dans leurs chaussures et à se concentrer sur cette activité de leurs orteils, en respirant calmement, juste une minute ou deux.
Je demande aux plus actifs de compter en même temps jusqu’à 60 sans se presser. Puis de finir par un grand soupir…
Pour Sébastien Racine, la sophrologie sur le terrain, c’est concret !
Contrairement à ce que beaucoup pensent, la préparation mentale n’est pas réservée aux acteurs célèbres, aux hommes politiques influents ou aux sportifs de haut niveau.
Elle doit être intégrée dans l’entraînement des plus jeunes afin qu’ils gèrent mieux le stress lié à une compétition, quelle qu’elle soit.
S’agissant de sport, le travail sur les pensées permettra de mieux exploiter le potentiel technique et physique en identifiant des moments clés où le joueur pourra s’ancrer dans le « ici et maintenant » grâce à des exercices de respiration pour évacuer le stress.
Ce dernier n’est pas toujours négatif explique Sébastien Racine. Il peut le devenir quand le comportement de l’athlète n’est plus approprié à la performance : discours interne négatif, perte de la concentration, manque d’énergie, remise en question sur l’estime de soi…
L’objectif des routines de concentration seront indispensables pour lâcher prise avec les pensées négatives. Au tennis les changements de côté sont des moments adéquats pour se poser dans le présent, boire en pleine conscience, respirer les yeux fermés et relâcher les tensions musculaires, mais aussi s’encourager et analyser au lieu de s’enfermer dans des pensées et jugements négatifs non constructifs.
N’oublions pas que la performance s’accompagne uniquement par des pensées rationnelles et positives.
Exercice de contraction pour évacuer les tensions : assis confortablement sur une chaise, les yeux fermés, je sens ma respiration. J’inspire et je bloque ma respiration en contractant tous les muscles de mon visage puis je relâche en soufflant. J’écoute mes ressentis. Puis je continue en contractant et relâchant mes épaules, puis mes bras, mon dos, mon ventre, mes muscles fessiers, mes jambes. Et enfin, mon corps tout entier. Je relâche en soufflant.
Avec Manon Soupault, la sophro-dégustation de l’objet de concentration, c’est sophrologique !
L’Alimentation est l’un des thèmes de prédilection de Manon Soupault, guide des Sophro-dégustations pour Itakundi, son partenaire bien être, lors d’événements sur Paris ou à proximité. Elle a notamment déjà eu l’occasion de proposer cette pratique à la fondation Goodplanet de Yann Arthus Bertrand.
Mais alors la sophro-dégustation de l’objet de concentration, cela consiste en quoi ?
Conscience des points d’appui de son corps avant de porter un aliment à sa bouche ou à son odorat, perception de ses sensations ou de ses émotions à l’idée de goûter pour la première fois quelque chose… ce moment de présence réveillera peut-être notre enfant intérieur.
Trop habitués que nous sommes à consommer sans penser, à engloutir sans savourer, qu’attendons-nous pour tenter de laisser nos sens développer leur présence, les laisser nous parler ?
Action positive inconditionnelle, porter des aliments à son corps en conscience participe à ce retour à soi et à l’instant présent; assouvir un besoin fondamental et en même temps en savourer les apports, la puissance du positif.
Prenez une noix décortiquée ou une noix de cajou.
Posez là dans le creux de votre main, asseyez-vous, respirez, posez-vous et regardez sans jugements.
Portez toute votre attention sur cette petite chose unique. Regardez là comme si c’était la première fois.
Quelle est sa forme, son poids, sa texture, sa couleur, ses contours, ses nuances, quelle est son odeur, quelles sensations éprouvez-vous en la touchant ?
Laissez venir toutes les questions qui stimulent vos sens. Allez-vous saliver à l’idée de la manger ? Observez-vous dans cette expérience, vivez cet instant unique et singulier dans la conscience qu’il est. Cet aliment a-t-il une histoire ? Comment s’inscrit-il dans votre histoire ?
Accueillez les souvenirs. Quelles sensations, quelles émotions allez-vous percevoir, ressentir et vivre en portant cette noix à votre bouche dans la conscience du mouvement à la fois de la noix qui se dirige vers vous mais aussi de votre attention qui la cible ? Il s’agit là d’une double concentration, socle de la vivance sophrologique.
Vivez cette expérience unique dans l’instant, le bruit de la mastication, la saveur de la déglutition et des sensations associées.
Observez et accueillez les bénéfices de cette expérience sophrologique.
Un exercice de présence et d’attention dynamique ! vous ne mangerez plus une noix comme avant.
Auteur : RPNS