Le devenir du sophrologue professionnel dépend de l’efficacité de la formation suivie, de qualités humaines et éthiques indéniables et d’une expérience qui grandira avec le temps. Soit. Mais il passe aussi (surtout ?) par une ténacité, par une volonté, par un jusqu’au-boutisme peu compatible avec cette forme de dilettantisme qui prône les apprentissages de surface et les efforts inconstants.
Oui, le sophrologue qui a fait de la sophrologie sa profession n’est pas un amateur.
Il n’est pas un touche à tout qui virevolte de théories en expérimentations, survole la méthode, absorbe ce qui l’inspire et délaisse ce qui le rebute. Et il ne suffit pas de réciter par coeur les Techniques de Relaxation Dynamiques ou d’abuser des termes imaginés par le fondateur de la sophrologie pour devenir un sophrologue professionnel.
La chose est dite.
Mais alors comment devient-on sophrologue professionnel ? Quelles sont les caractéristiques de cette activité qui confine, sinon à l’abnégation, en tout cas à la passion ?
Le sophrologue professionnel n’est pas seulement un professionnel de la sophrologie !
Je ne reviendrai pas sur les origines de la sophrologie. Il existe pléthore d’ouvrages, d’articles, de sites web… qui existent sur le sujet.
En dehors de tout jugement de valeur et de tout désir de polémique stérile, j’entends défendre ici le sophrologue professionnel qui se positionne en tant que tel. Le professionnel qui fait de la Sophrologie son métier, son activité, à temps complet ou même à temps partiel. Par opposition à celui (ou celle) qui choisit cette pratique pour en compléter une autre, afin d’en faire un outil voire un modeste accessoire.
Selon moi, le Sophrologue Professionnel est tout d’abord une personne qui exerce soit dans le cadre d’une activité salariée, soit en qualité d’indépendant.
Le Sophrologue salarié est aussi un professionnel
À l’instar du psychologue de l’éducation nationale, de l’assistante sociale d’une mairie, de la sage-femme employée d’une maternité… le sophrologue salarié est un professionnel ayant reçu une formation complète et spécifique qui fait de lui un expert dans son domaine et à qui on demande d’exécuter une tâche, pour laquelle il est payé.
Certains sophrologues optent pour une activité libérale
Ce dernier a suivi une formation tout aussi complète que le sophrologue salarié, mais il se voit affubler du statut de « boss », de chef d’entreprise. Micro-entreprise peut-être, mais entreprise quand même !
Autrement dit, tel le petit patron d’un garage automobile (l’analogie est osée !) qui maîtrise les subtilités du système bielle-manivelle et manie la clé de 12 avec une aisance comparable à celle de son mécanicien salarié, le sophrologue entrepreneur doit en plus se familiariser avec le jargon juridique et comptable, développer une capacité à promouvoir son activité et nouer accessoirement des relations de confiance avec son banquier s’il envisage l’octroi d’un prêt pour se lancer.
Une gageure pour celles et ceux qui n’entendent rien à ces choses.
Précisons que les formations de l’ESSA comprennent un volet « développement d’activité » animé par un professionnel.
Comment développer son activité de sophrologue professionnel ?
Que vous soyez jeune diplômé en Sophrologie ou en cours de formation, vous devrez développer des qualités de chef d’entreprise pour réussir, mener à bien votre embarcation et vivre honnêtement, dignement et sereinement de votre activité.
Tout comme notre ami garagiste, vous devrez être capable d’avoir acquis un savoir technique, un savoir être (en corrélation avec la méthode) et une Personnalité. Autant de qualités que vous possédez sans doute déjà ou qu’à défaut vous aurez appris en formation.
De mon point de vue, le sophrologue est donc un métier pour lequel :
- le savoir de base est nécessaire (formation),
- le savoir-être est spécifique (pour accompagner sur le terrain le sportif, mieux vaut se couvrir, j’en ai fait les frais sur les bateaux de la route du Rhum, le vent souffle aussi sur les pros !)
- il convient d’admettre qu’on ne peut pas tout faire, qu’on n’est pas spécialiste de tous les métiers, au risque de dépérir devant l’écran de son smartphone !
Être un sophrologue professionnel légitime
La notion de légitimité est essentielle en sophrologie, car elle définit ce qui s’appuie sur des principes reconnus, qu’on ne saurait contester. La légitimité est soeur de la crédibilité et parente de la confiance.
Dans quels cas le sophrologue Professionnel peut-il se sentir légitime dans ses actions comme dans l’ensemble de ses choix professionnels ?
Il peut être légitime avec lui-même (bienveillant) et légitime vis-à-vis des autres, de son entourage professionnel ou de ses clients.
Il peut se sentir légitime avec une méthode incarnée, vécue, une formation de base solide.
Il gagne sa légitimité en prenant conscience que son métier est reconnu en tant que tel. Qu’il existe un code ROME K1103 qui définit auprès de Pôle Emploi le métier de Sophrologue. Ce code décrit le métier de sophrologue salarié ou de dirigeant d’une entreprise de sophrologie. Il définit ce métier lorsqu’il s’agit de faire une demande de prise en charge de la formation, de base ou de spécialisation.
Grâce à cette légitimité, basée sur une formation complète et vécue (propre à la sophrologie), le jeune diplômé pourra se sentir fort, ancré dans ses capacités. C’est la perspective d’un véritable changement de paradigme qui s’offre alors à lui.
Légitimité de la méthode aussi
Le sophrologue professionnel peut-il légitimement s’appuyer sur la méthode Sophrologique ? Peut-il croire en ses bénéfices ?
La réponse est oui. Pour l’avoir vécu lui-même, il peut en témoigner. Même si le métier n’est pas encore règlementé, la technique est quant à elle largement éprouvée.
Faites-vous confiance au cuisinier, à l’expert-comptable, au coiffeur, lorsque vous les sollicitez pour ce qu’ils sont ?
Le professionnel s’appuie sur une méthode, il respecte ses principes, les règles de sa profession. Le sophrologue en fait tout autant. Il est comme tous les autres : il apprend, il se lance, il devient expert…
De l’importance de se sentir professionnel
J’imagine que dans de nombreux métiers la sensation de se sentir débutant ou sans expérience existe. En sophrologie, lorsqu’on commence l’apprentissage, on le vit.
Quelle magnifique expérience que d’avoir appliqué à soi-même ces grands principes. Quelle opportunité aussi d’avoir su reconnaitre en soi la richesse de cette méthode.
Après tout, se sentir professionnel n’est-ce pas reconnaitre en soi sa propre compétence, basée sur sa passion ou ses ressentis, connaitre ses capacités (pour les avoir mobilisées), ses limites (apprendre à les dépasser), ses freins… ?
En tant que sophrologue, en dépit d’autres expériences et malgré des compétences transversales, je reconnais qu’il me faut être accompagnée sur la fonction de chef d’entreprise.
L’accompagnement d’un autre professionnel, spécialisé dans une autre technique (webmaster, designer, coach, expert-comptable, architecte, assureur) est autant utile tant que nécessaire. Cela fait partie du métier de chef d’entreprise.
Et se sentir entouré d’une équipe, de partenaires compétents, cela s’appelle créer un réseau. Vous recommandez vos partenaires et ils vous recommandent.
Bienvenue chez les pros !
Auteur : Isabelle Talpain, sophrologue et vice-présidente du Pôle Santé du RPNS