Au coeur de soi
Rapport de stage d'application professionnelle rédigé par Philippe Millet et remis à l'ESSA
Préambule
A l’origine de mon choix de lieu de stage, il y avait pour moi l’évidence de réaliser mon stage “fondateur” de ma pratique auprès de la population qui a semé et fait émerger en moi mon envie de devenir sophrologue.
Je travaille auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer depuis 2002.
Au fil des années, j’ai développé des approches sociales, culturelles, artistiques et thérapeutiques au sein d’établissements spécialisés dans l’accompagnement de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. J’ai besoin d’enrichir et de développer un autre regard sur ma pratique. La sophrologie m’ouvre à une approche sensorielle, psycho-corporelle et humaniste nouvelle.
Ainsi ce stage professionnel est pour moi comme un hommage, un clin d’œil, un retour (originel) à ceux qui m’ont portés et qui m’apportent au quotidien, je souhaite qu’ils soient mes premiers sophronisés, ils sont alliés à ma “transformation”, celle de “devenir sophrologue”. J’ai proposé ma candidature sur les centres Alzheimer de mon groupe, où je ne travaille pas. Le centre Alzheimer La Villa Baucis à Fontainebleau a répondu à ma demande.
Présentation du lieu de stage
Le Centre est un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes spécialisé dans l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés (capacité de 70 résidents).
Après plusieurs entretiens avec la directrice et la psychologue de l’établissement, nous avons acté que je réaliserai mon stage avec les résidents qui bénéficient d’une prise en charge dans un P. A.S.A. Le Pôle d’Activités de Soins Adaptés permet d’accueillir, dans la journée, les résidents de l’EHPAD ayant des troubles du comportement modérés, dans le but de leur proposer des activités sociales et thérapeutiques, individuelles ou collectives, afin de maintenir ou de réhabiliter leurs capacités fonctionnelles, leurs fonctions cognitives, sensorielles et leurs liens sociaux.
Présentation du groupe
8 résidents présentant une Maladie d’Alzheimer, dont les troubles cognitifs sont modérés. Les personnes qui bénéficient d’une prise en charge dans un P. A.S.A sont accoutumées à une dynamique de groupe. La tranche d’âge est comprise entre 74 ans et 91 ans, pour un âge moyen de 84 ans.
Problématique
Je considère la personne atteinte de la MA dans sa singularité et son savoir propre à part entière. J’ai problématisé ma pratique du point de vue du “Je” sujet (sans interprétation).
Je développerai dans ma pratique ce nouveau regard, j’appréhenderai la subjectivité du patient à travers son écoute. C’est en ce sens, que je pratiquerai une approche d’autant plus phénoménologiques avec eux pour rester au cœur de l’humain, au cœur de soi.
Je cherche à renforcer le sentiment d’exister dans une présence à soi, en les sortant de leur isolement sensoriel et relationnel, pour agir sur le corps en soi, tout en le ressentant.
Claudine Montani parle ainsi: “Le patient est le seul à pouvoir nous parler de ce qu’il vit, le seul à pouvoir nous guider pour nous aider à sentir la façon dont il a aménagé son existence”.
Je cherche à réancrer le tonus dans la communication inter-humaine, en étant dans l’alliance de sujet à sujet, je proposerai d’explorer l’importance des interrelations entre les fonctions sensorielles et cognitives, voir la lettre de la fondation Médéric Alzheimer: .. “les cinq sens, leurs interactions avec les capacités cognitives et la prise en compte du sensoriel dans le repérage des troubles cognitifs”.
Ainsi, en abaissant le tonus par les exercices gestuels et respiratoires il devient possible d’abaisser les tensions psychiques du sujet. Fondements théoriques et techniques de la relaxation, psychomotricité première année.
Le passage des représentations mentales aux réactions corporelles est un fait […] Mais la mise en conditions du corps par des postures et des exercices musculaires et respiratoires induit aussi des affects et des représentations […] », J. Cosnier en conclut qu’il y a bien réciprocité (J. Cosnier, 1994, p.148). (corps-esprit).
Cette pensée nous permet de comprendre comment les variations toniques seront l’expression des variations de notre émotion dans le monde (Ibidem).
Dans les 3 premières séances, la respiration et le schéma corporel sera (implicitement) mis en interaction avec la relation tonico-émotionnelle, dans la quatrième séance, nous apaiseront le tonus musculaire, pour apaiser les tensions psychiques (séance, lâcher-prise, avec sophro déplacement), dans les séances 5 et 6, nous potentionnaliserons les effets ressentis, dans la séance 7, nous contacterons le tonus interne par la peau comme échange entre soi et le monde, dans les séances 8 et 9, 10 nous continuerons dans cet état d’équilibre, dans les 2 dernières séances, nous activerons nos sens jusqu’à cognitivement ressentir la gratitude d’être vivant, dans nos cellules.
(M.l Eustache-Vallée, le sentiment d’identité ne serait donc pas face à un défaut complet de mise à jour…. car souvent fidèle à ce qu’ils étaient avant la maladie, il parle d’une identité menacée et non perdue (!) (comme tout le monde le répète).
Besoins identifiés des participants
- de repères stables, de sécurité.
- d’une écoute attentive et chaleureuse, de s’exprimer librement par son corps (verbales et non-verbales, sensorielles, créatives, émotionnelles).
- « Le patient est le seul à pouvoir nous parler de ce qu’il vit, le seul à pouvoir nous guider pour nous aider à sentir la façon dont il a aménagé son existence” M.L Eustache-Vallée.
- Travailler à rendre stable, ou se stabiliser en travaillant l’humeur et à la labilité de notre temps présent, -accueillir le changement des variations toniques émotionnelles. (mécanique neuro-physiologique du tonus)
- Poser son attention sur les états d’âme.
J-D. Vincent : « Le système nerveux central est l’interprète de tout ce qui se passe dans le monde pour adapter le tonus musculaire à cette présence physique au monde, en accord avec le monde dans lequel le corps se situe. N’est-il pas possible de parler de tonus émotionnel dans ces conditions ? En effet, l’émotion au sens large, ou la passion, c’est tout simplement la manière d’être de l’individu au monde […] être au monde c’est être ému » (J-D. Vincent, 1987, pp24)
Compétences des participants
Mémoire implicite, intelligence émotionnelle préservée, liberté d’expression créativité (désinhibition- liberté d’expression).
Les personnes atteintes de la MA sont très sensibles, sensitifs, tactiles… sont des éponges (émotionnelles).
Persistance de l’idée de soi cohérente (cf. article-étude de M.l Eustache-Vallée), selon la relative préservation de la mémoire sémantique personnelle (traits de personnalité invariants, traits de caractère conscients).
Présentation de la sophrologie au groupe.
Le titre de l’atelier: « Au cœur de soi »
Objectif: Persistance de la présence à soi. Intentionnalité, ré-ancrage de l’identité.
Elle reflète un mouvement positif engagé à inviter l’autre à se présenter ‘dans sa nouveauté’ comme il est maintenant. Les participants au-delà de leurs troubles seront guidés dans un espace de dévoilement d’eux même.
Les trois sous-objectifs
Je proposerais une progression naturelle des techniques, pas à pas. Centrage et ancrage par la respiration, ici et maintenant/ Actualisation des ressources positives en soi/ Connection avec ses capacités propres.
Moyens
L’équipe est impliquée dans la préparation de l’espace et l’accompagnement des résidents à l’atelier. La psychologue, mon interlocutrice principale, veillera au bon déroulement institutionnel de ma venue. Une information aux familles et aux équipes sera transmise, sur le calendrier des séances et leurs horaires.
Un espace dédié pour les séances
Activité réalisée dans une salle ouverte (fermeture possible avec un rideau). Cette salle donne sur le jardin. Elle se transforme le midi en petit réfectoire, et accueille des activités l’après- midi.
Cette salle est un lieu libre de circulation pour les résidents qui peuvent aller et venir librement dans tout l’établissement.
Présentation de la sophrologie a mon groupe (méthode active et douce en mode sophroliminal).
J’ai, surtout, et avant tout, pris TOUT mon temps. J’avais préparé des mots clés et des phrases courtes. J’ai choisi de scander des paroles, fortes de sens.
Avec la sophrologie, je ressens les choses telles qu’elles sont, j’observe, mes ressentis, mes émotions, mes états d’âme. C’est une méthode psychosociale. Alphonso Caycedo est son fondateur.
Avec la sophrologie, j’accueille mes sensations, j’accueille mes émotions, j’accueille mes sentiments. C’est le vécu d’une conscience en harmonie, c’est le vécu d’un équilibre corps-esprit. J’explore un nouveau regard sur moi-même et sur le monde. Je m’explore avec bienveillance. Elle vient toucher la part active de mon existence.
La prise en charge du groupe
Technique: la respiration consciente • « Centrage et ancrage par la respiration », « Vivre sa respiration ». L’intentionnalité « Accueillir, sans jugement »
Introduire la sophrologie avec douceur: accueil et prise de contact, à tour de rôle, chacun de nous se présente, et je me présente en tant que stagiaire sophrologue. Je fais un état des lieux en demandant: « Connaissez-vous la sophrologie ? ». Un des participants connaît cette méthode, une autre participante dit qu’elle est ouverte à cette expérience. L’ensemble du groupe semble ouvert à la proposition générale. Je les ai senti curieux, et intéressés, et également prêts pour ce voyage.
Je présente la sophrologie, je déploie la méthode, ses principes, ses lois, sa philosophie. Je propose ensuite de définir ensemble le cadre de travail et les règles de notre échange. J’invite le groupe à partager sur ces structures, les participants valident les notions de respect, de liberté et d’écoute dès leur énoncé.
Je déroule aux participants l’objectif général du cycle. La psychologue, mon interlocutrice dans le projet, est présente.
Je propose alors au groupe d’expérimenter une première pratique.
J’explique que la respiration est fondamentale en sophrologie. C’est un pré requis pour débuter. C’est par la respiration que l’on se connecte à son corps, elle va nous faire entrer en écoute interne, ‘ensemble’.
J’explique l’objectif du jour « Vivre sa respiration » avec l’intentionnalité « Accueillir, sans jugement ». J’ai guidé la séance par une respiration consciente. Dans mon terpnos logos emprunt de mon intentionnalité, je propose une invitation à ressentir: « vous allez observer, écouter, sentir votre respiration.. respirer votre respiration comme elle est ».
Ma posture dans cette première séance est celle d’observer et d’écouter. Pendant le dialogue
pré-sophronique, je prends le temps d’expliquer comment chacun a la possibilité de vivre la séance de façon la plus confortable pour lui. Les yeux fermés ou pas. J’insiste sur cette liberté, sans mettre d’enjeu.
La pratique de la respiration consciente a lieu, je me sens en moi et dans le groupe, le calme s’installe, je ralentie mon débit de paroles et je parle avec une voix (plus grave) plus intériorisée, je les installe dans ma prosodie, calmement.
Je suis le protocole (respiration consciente abdominale / respiration consciente médiane / respiration consciente complète / respiration synchronique). Le temps (me) semble ralenti (comme un temps suspendu), j’ouvre les yeux régulièrement et me synchronise au groupe. L’ensemble des participants a souvent les yeux fermés et semble détendu.
Je termine la séance en invitant à vivre l’expérience comme une découverte « pour la première fois ». Je propose tout doucement de revenir ‘ici et maintenant’ avec un nouveau regard sur soi et sur le monde. Je laisse un temps…que cela se diffuse en chacun car je sens que cela se diffuse en moi.
Je donne ensuite la possibilité à chacun de partager son ressenti. Je propose à un participant qui me regarde en souriant s’il veut partager.
Il dit « c’est nouveau, pas de rejet, c’est positif « .
Je reformule « positif ?”, et lui demande “dans votre corps ? ».
Il me répond, « .. à plusieurs endroits, c’est la tête avant les muscles ».
Il montre sa tête puis ses muscles. Je lui demande « comment vous sentez-vous avec le groupe ». Il me répond avec beaucoup de présence « je me sens bien ».
Madame D. répond à mon “Comment vous sentez-vous ?”, “je suis confortable”, je répète “comment est-ce confortable ?”, elle répond “sur le haut du corps” et elle montre la poitrine et puis met la main sur le ventre. Je refais son geste après elle. Elle me dit “oui” et ferme les yeux, calmement.
Mme Bl.: C’était parfait, pas fatigué, cela me rappelle ma jeunesse, j’allais à l’école à pied et ma mère ne pouvait pas marcher, c’est moi qui faisais la vaisselle, je faisais le ménage, on était 5 enfants. J’étais toujours en mouvement, je marchais vite.
Un deuxième participant prend la parole, « j’ai beaucoup d’activités, je suis actif, j’ai une certaine habitude de ce genre d’activité ». Je reformule, « vous avez l’habitude.. ». Il ferme les yeux et respire à fond, plusieurs fois, je l’accompagne en respirant en profondeur avec lui.
Une participante dit qu’elle a très bien vécu cette séance. Elle dit « J’ai ressenti une bonne relation entre nous tous ». J’accueille sa parole. J’acquiesce « oui…(vous êtes présents) », (ça se diffuse…) et j’interpelle « c’est bon ! ». Je la remercie. Je prend appui sur le ressenti et le partage du groupe.. « c’est bon de nous sentir ensemble ».
J’ai beaucoup de gratitude dans ce qu’ils me transmettent. Je partage. « Je me sens gratifié », « vous êtes mon premier groupe de sophrologie et vous m’accompagnez dans mon apprentissage ». Je les remercie chacun et leur donne rendez-vous lundi prochain, au même horaire.
Quand ils le souhaitent dans la semaine, je leur conseille de prendre le temps de respirer en prenant le temps d’observer leur respiration comme ce matin.
Objectif « vivre son corps par sa respiration », l’intentionnalité « écouter ses ressentis comme si c’était la première fois ». La pratique proposée est la sophronisation de base.
Sur le chemin qui me mène sur le lieu du stage émerge cette intentionnalité en moi. Cette lecture du corps par la respiration va être une découverte pour le groupe. Je suis à l’écoute de cette intentionnalité
« comme si c’était la première fois … ».
Arrivée dans ma salle. Je la prépare. Je prends beaucoup de soin à constituer un cercle le plus beau possible. C’est un ajustement (d’accueil), il rythme l’arrivée de chacun dans sa prise de position dans le cercle. Ainsi se construit l’espace, au fur et mesure, de l’arrivée de chacun dans la salle. Je ressens que l’alliance » se monte », dès l’installation de positionner chaque chaise. Ainsi à chaque séance, j’ai porté ce soin sur l’installation des chaises pour avoir un cercle, où chacun a sa place, et se sent accueilli.
Tout le monde installé, je commence par ré-ajuster encore un peu le cercle des chaises (un beau cercle). Je mets l’accent sur l’importance de trouver son assise de ‘confort’ sur sa chaise, de trouver la posture la plus stable (pieds/fesses/dos/mains, alignés), en se repositionnant, nous vérifions, en passant d’une fesse à l’autre, en prenant bien appui avec le sol (pieds parallèles). Cette introduction de posture dans la chaise et au sein du groupe faite, je me présente, à nouveau, dans ma fonction de stagiaire sophrologue. Je remercie chacun de sa présence et propose à chacun de s’exprimer sur son état du moment. Je propose de faire ‘sa’ météo intérieure, mais, concrètement, la notion de météo ne leur parle pas. J’interroge alors « comment vous sentez-vous ? », l’ensemble du groupe va bien, disponible à ce que nous menons.
J’explique l’objectif de la respiration qui va nous transporter dans notre corps. Je redonne les consignes que chacun est libre de vivre la séance comme ‘c’est bon’ pour lui. Ainsi je redis au groupe « je vous demande de vous faire confiance ». Je sens à ce moment un calme déjà présent au sein du groupe (une présence au sein du groupe).
Pendant la guidance, j’ai les yeux fermés et le « comme si c’était la première fois » me guide et oriente mon rythme. Je vis aussi la séance comme si c’était la première (!) fois. Par étape à l’inspiration: l’installation, l’état des lieux, la découverte, l’exploration de chaque système (forme / contours). Puis le relâchement à l’expiration. En milieu de séance, j’ouvre un peu les yeux pour apercevoir les participants, la grande majorité est calme, les mains posées sur les cuisses et les yeux fermés. Je continue l’autre moitié de la séance dans cette énergie calme. Je propose entre chaque système de prendre le temps d’observer et de noter nos ressentis corporels, je donne des exemples (chaleur, picotement, émotions, couleurs, énergie) et de les accueillir sans jugement comme ils viennent.
Je conclue « laissez vous réfléchir ».. ce nouveau regard sur le monde pour vous « ici, maintenant ».
Ce rituel d’ouverture sur le monde prend sens, car le groupe que j’accompagne est sensible à ce cadre rassurant, à ses signaux de début, de fin qui participent à l’alliance en construction du groupe.
J’accompagne la dé-sophronisation lentement. Chaque participant reprend place ici et maintenant, chacun a son rythme. Les corps sont plus denses, plus apaisés (sereins), les regards plus souriants.
Je propose au groupe de partager sur leur ressenti, leur vécu.
Une participante exprime cela m’a fait du bien, je lui demande « bien, où ? dans votre corps ». Elle dit, « à mes reins, et dans le bas de mon dos », elle me montre sur elle. Je reformule les parties du corps et les montre sur moi, elle acquiesce et ferme les yeux, je la remercie.
Un participant émerge de son état d’intériorité, il s’étire. Je lui dit de prendre son temps, il fait signe qu’il veut bien encore un peu de temps. Je prends un temps avec le groupe pour accueillir ce réveil, je lui souhaite la bienvenue parmi nous et lui dit “merci”.
Un autre participante déclare « ça s’est bien passé, mieux que ce que je pensais ». Je lui demande de préciser. Elle explique « je me suis réconciliée avec mon corps, ça se diffuse » en faisant le geste des mains du haut du corps vers le bas. Je refais le geste avec elle et je lui dis « vous vous sentez comment maintenant », elle redit « réconciliée.. » Merci pour votre partage.
Je prends le temps de valider chaque intervention dans un accueil de résonance interne, il règne une ambiance d’une douce énergie
Je m’aperçois qu’une participante entend mal, je lui propose de venir s’installer la prochaine fois à mes côtés.
Au cours de la séance une participante s’est levée, et elle est partie, en m’ expliquant, désolée, qu’elle devait partir à la recherche de son mari. Je lui répond de faire ce qui est important pour elle. Elle me remercie et dit qu’elle reviendra la prochaine fois.
3eme séance 8 février 2021 SSR • Objectif « se synchroniser par la respiration », sous objectif « se centrer et s’ancrer par la respiration ». Mon intentionnalité « être à son écoute intérieure »
Aujourd’hui, le mouvement va être introduit pour la première fois. Je ressens la présence de mon groupe, son atmosphère, son ambiance, son plaisir. Je ressens une responsabilité et une joie en moi à être là, près de ces résidents que j’accompagne.
En arrivant dans la salle, j’accueille chaleureusement chacun. Plusieurs me reconnaissent, et expriment leur enthousiasme à leur entrée.
Je les questionne sur leur état du jour. Je valide chaque expression. Ainsi de « tout à fait bien », à une participante qui chante « les petites misères seront passagères », à « je ne me sens pas très bien, quand il ne fait pas beau », puis « c’est une prise de contact », à « bien, les deux pieds au sol » et une autre participante qui ne parle pas, mais qui simplement se met bien sur sa chaise.
Pratique du jour:
1er temps « un temps de respiration consciente », une sophronisation de base que j’exprime par la lecture intérieure du corps de haut en bas.
2ème temps une synchronisation de la respiration avec un mouvement, puis avec un mot, puis les deux en même temps.
Je reprécise les consignes « se faire confiance », « faire à son rythme », « comme c’est confortable pour chacun ». Je redis que lorsque j’invite à fermer les yeux, on peut rester les yeux ouverts, quand j’invite à se lever, on peut rester assis aussi.
Je suis attentif à mon intentionnalité « être à son écoute intérieure », mon ton de voix s’intériorise, mon débit ralenti, la prosodie devient sensorielle, les mots s’intro-spectent, “on écoute.. factuellement les sons dans cette pièce, la vie autour”. Le silence s’étoffe de notre écoute (du silence alentour).
Nous prenons le temps longuement avec la sophronisation de base, le groupe s’immerge concentré. Pour la synchronisation avec le mouvement (je dis qu’il est possible d’ouvrir les yeux pour voir le geste), Le groupe se coordonne pour la première fois, je propose d’être attentif à toutes les étapes de la respiration. La synchronisation est refaite encore deux fois. Je propose pour la 3ème fois de le faire avec les yeux fermés.
Pour la synchronisation de la respiration ‘avec un mot’, je propose des exemples de mots a priori positifs, certains participants spontanément me demandent de valider leur choix, je valide et accueille les propositions de leurs mots.
Pour la synchronisation de la respiration avec ‘le mouvement et le mot’, je propose les yeux ouverts pour la première fois, et rappelle les quelques mots possibles, en redonnant également les mots dits par certains participants.
Je pratique la pause phronique de totalisation, puis la désophronisation.
La séance aura duré plus de 45 minutes, je suis surpris de la durée, les participants sont tous là, personne n’est parti. Je regarde l’horloge derrière moi et je relève la durée. Je félicite le groupe de sa stabilité.
Chacun s’étire et je propose au groupe de partager. Accueil des phénodescription:
Une participante exprime, « contente et heureuse », une autre « une certaine décontraction dans tout le corps ». Je reformule et demande si elle souhaite préciser, elle dit « les jambes, les bras, les mains, en général, ça continue encore », elle fait le geste des mains, qui descendent de la poitrine vers les jambes. Je me synchronise à son geste et l’accompagne.
4eme séance 18 février 2021 SDN • Objectif « le lâcher prise et mettre à distance les tensions », la pratique le sophro-déplacement du négatif, qui est la deuxième technique clé de la sophrologie.
L’intentionnalité de la séance est « se rendre disponible ici et maintenant ».
J’accueille le groupe, l’installation est très chaleureuse, le groupe est heureux de se retrouver. Je fais place à l’état des lieux. « Comment vous sentez-vous ? », « bien », « très bien », « je suis prête à faire des choses », « décontracté », « la notion de surprise », « trés bien, en forme », « bien ». Je renvoie au groupe cette température de bien-être, je leur fais part comme caisse de résonance, ici, de leur état de joie, de curiosité, et de disponibilité, nous l’accueillons avec chaleur.
J’expose la séance et explique que sur la respiration, nous allons pouvoir nous servir de l’inspiration pour identifier, soulever des tensions physiques ou psychiques et de l’expiration, qui se fera plus forte pour libérer ou diluer les tensions, les immobilités. Je propose d’utiliser le terme de tension plutôt que le terme négatif.
Je prends le temps pour installer la posture. Nous sommes assis en relaxation et nous posons bien nos points d’appui. Je prends le temps d’ajuster mon terpnos logos au plus près du groupe, j’utilise moins de mots, je laisse le silence s’épaissir, se poser et accompagner la détente qui s’installe pendant la sophronisation de base. La pause d’intégration est introduite comme un recueillement de soi, « on a le temps »…
Ensuite, toujours en posture assise dynamique c’est par l’Inspiration-Rétention-Tension-Expiration-Relâchement, où chaque système est invité à se libérer de ses tensions physiques et psychiques. Chacun respecte son rythme, et vit ses libérations en expirant plus ou moins fortement.
Les participants sont invités à partager leur ressenti et vécu de la séance.
Une participante exprime « il y a des choses que l’on renforce, ça met en ordre », en lui demandant de formuler plus avant, elle précise en faisant le geste avec ses mains sur ses cuisses, en se redressant qu’elle est bien là.
Un participant exprime « la notion d’attente » en reformulant il ajoute « on est engagé par une voix. Une partie de chacun et chacune attend » . Je répète “chacun s’attend”. Je lui demande de nous préciser son ressenti dans son corps, il exprime « , on est à votre voix (en regardant le groupe), à ce que vous allez dire », je reste avec lui tout en silence, je suis cette belle intégration. Je le remercie simplement.
Une participante dit: « calmement, des sensations de présence de mon corps, ça vient du bas ». Je lui demande de montrer, elle fait le geste, c’est là et montre son ventre et bas ventre.
Le groupe par son partage, ses images, ses impressions, ses ressentis, ses états, s’est livré avec beaucoup de générosité et s’est déposé avec profondeur. Je remercie le groupe de son authenticité que je sens réellement.
5eme séance 25 février 2021 SPI • Objectif « potentialiser le positif en soi » et l’intentionnalité « prendre appui sur l’action positive ».
J’arrive comme à chaque fois en avance, alors que le groupe s’installe, deux résidents « visiteurs » s’installent aussi. Se pose alors la question de la place de ces visiteurs (?). Je propose au groupe de réfléchir ensemble. Le groupe dit que des visiteurs peuvent être présents et que ce n’est pas gênant et qu’ils en ont le droit. Nous rajoutons 2 chaises (en dehors du cercle), ils se positionnent et adoptent notre posture. (Il est important de noter que les résidents de cet établissement ont la liberté de déambuler dans tout l’établissement cette pièce y compris, nécessité indispensable pour eux).
Chacun exprime son état: « ça va bien », « dans la marche de la vie de tous les jours », « trés bien entouré », « inerte de la tête », j’accueille chaque mot, chaque état.
La pratique va utiliser la respiration comme vecteur de positivité. Nous nous chargerons au positif de la relation avec une personne chère. Puis à l’expire nous diffusons ce positif dans tout notre corps et tout notre être.
La pratique est accompagnée par un terpnos logos avec le mot « positif » très présent, jusqu’à « chargez vous du positif du positif », une double résonance positive, mobilisant la matière subtile interne.
En leur demandant dans cette pratique, d’établir un lien avec une personne chère (l’ont-ils contactée, en ont-ils choisi une ?).
Une participante parle pendant le temps d’échange de l’amour de son père. Un participant dit, « assez proche des gens que j’aime, la gaieté ». Une autre, « j’aime la nature, le bord de mer, la famille ». Une autre, « retrouver une amie, ne pas être seule », « j’ai là, subi dans ma tête ». J’accueille ses paroles, je lui propose de respirer, de revenir là dans son corps. Elle le fait, ferme les yeux.
Les participants sont très réceptifs à cette pratique de l’être cher.
6eme séance 4 mars 2021 SCSA • Objectif « être présent à soi et au monde « , l’intentionnalité qui a émergée au cours de la séance est « ouvrir son coeur, être à soi pour être au monde par le coeur ».
La pratique: la « sophro attention/sophro-concentration ».
J’accueille le groupe qui se construit humainement par toute l’attention qui entoure chaque séance: le cercle des chaises, la place de chacun, la notion de rendez-vous comme point d’appui. Je ressens le cadre posé et je sens sa protection et la liberté possible en son sein. Un bien être est là.
Je propose un état des lieux, poser ‘sa météo intérieure’, et cette fois ils répondent: « cela ne sera pas une tempête », « très bien », « bien dans mon corps », « la nostalgie de se retrouver » (sentiment d’appartenance au groupe, alliance qui se renforce), « soleil, soleil avec un petit nuage », « bien, calme ». Nous portons notre attention sur un objet, en le découvrant comme si c’était la première fois, pour qu’il prenne tout le champ de notre conscience. Notre être fait corps, tout entier avec cet objet. Nous nous concentrons sur tous les aspects de cet objet.
Je m’aperçois à quel point (!) les participants se synchronisent sur ma gestuelle et sur les postures pendant la guidance. La pratique a duré 4O minutes (je me dis que le groupe est vraiment conciliant), je me pose la question, « le groupe me fait juste plaisir :… Que ressent-il vraiment ? qu’a-t-il vécu et intégré? ». De part la maladie d’ Alzheimer, les participants ont une relation au présent ‘très présente’. Il est essentiel que je ressente les participants au cours de ma guidance. Car ce jour-ci, sur cette pratique d’attention concentration, la suspension est présente toute la séance (!).
Temps de partage.
Un participant dit « pas trop grand, pas trop fort », en reformulant, il précise « moi ». Une résidente dit « cela me détend », à ma question « où ? », elle fait un geste avec les mains, de la poitrine vers ses pieds. Une autre, « un peu de chaleur, bien dans la poitrine, cela détend ».
Toutes les séances jusqu’à la 6ème s’inscrivent dans l’approche de découverte de la sophrologie. Le corps vient à la conscience du présent vivant: “là où je suis”: (en harmonie) être présent à soi et au monde. Le groupe a pu prendre le chemin par la respiration (la base), les techniques clés (le socle) et il peut maintenant poursuivre vers le moi corporel et présentiel, le vécu intégré (la vivance) du corps.
7ème séance 10 mars 2021 • Objectif « vivre sa peau ». L’intentionnalité (qui a émergé pendant la séance) « contacter en soi son tact = ressentir l’échange entre l’intérieur et l’extérieur ».
J’accueille le groupe, et nous attendons 2 résidents, qui ne sont pas encore arrivés au sein du cercle. Dans ce que nous offre ce temps, je construis une nouvelle expérience, et je dessine simplement sur des feuilles A4, le contour d’un corps. Je les distribue, avec des crayons.. “Comment vous vous sentez dedans ! » (j’ai repris le principe du cours de Anne Mithieux sur l’accompagnement sophrologique, où elle avait présenté cet outil facilitateur pour l’expression).
Je leur donne la consigne “vous pouvez écrire des mots, des phrases ou dessiner dedans”. La forme semble facilitatrice pour les participants atteints de trouble du langage. Les résidents retardataires sont applaudis à leur arrivée. Un imite “le chat” pour son entrée.
Chacun exprime comment il va (avec ou sans l’aide du support du contour): « je me sens bien », « bien avec le soleil », « je suis belle et contente », « y’a du soleil dans ma tête aussi », » je me sens bien, y’a rien d’autre à dire », « pas de problème », « mieux qu’hier ».
Je propose de faire des mouvements en posture debout pour aller vivre sa peau et amener la conscience sur la peau (rendre le palpable de soi et de son environnement).
Je propose une guidance plutôt rythmée de la respiration consciente avec ses 3 techniques clés. Pour les mouvements de RD1, je dis au groupe « faites vous confiance, chacun va à son rythme, et surtout de façon confortable pour lui ». Pour chaque premier mouvement, nous les faisons les yeux ouverts. Je précise « si certain souhaite être assis, qu’il puisse l’être ».
A ma surprise, les résidents étaient tous debout (malgré les précautions des soignants, qui orientaient à ne pas se lever).
J’ouvre cette séance sur les mouvements de 4 systèmes, 1er système: Déplacement de la tête, 3ème système: Rotation des bras, 5ème système: Rotation axiale et marche virtuelle, 6eme système: Tension moitié droite puis gauche puis tout le corps « hémi-corps ».
La séance est très dynamique, les participants montrent une grande joie à faire les mouvements. Mon terpnos logos oriente l’observation des ressentis qui passe par la peau.
La peau est cet organe vital que l’on considère, ici, dans toute son épaisseur tactile et en quoi notre peau est aussi la surface de contact et d’échange entre intérieure et extérieure.
(tact interne: échange entre soi et son son environnement, entre soi et le silence) Dans cette pratique, je ressens les participants impliqués, concentrés dans ce mouvement.
Une soignante qui est venue assister à la fin de la séance, les félicite. Nous observons leur énergie. Cette alliance avec le groupe a donné cette impulsion à chacun de se lever et de s’impliquer “tout entier”.
« C’est un cadeau », c’est ce que je ressens là quand les participants me montrent des forces, des énergies, des potentialités qu’ils donnent vraiment avec une réelle présence.
8ème séance 18 mars 2021 RD1 • Objectif de la séance “vivre son mouvement propre”. L’intentionnalité qui émerge est « le schéma corporel comme réalité vécue ».
Comme pour la 7ème séance, une grande partie une RD de 1er degré, en coordonnant notre respiration aux mouvements.
J’accueille chaleureusement le groupe, je suis vraiment heureux de les retrouver, tous. Le temps d’accueil permet à chacun d’échanger de la tendresse et de l’attention, c’est un vrai élan. Une des participante s’inquiète pour son chien, en effet elle vit dans la résidence avec son chien. Il fait partie du groupe, et prend place sous la chaise de sa maîtresse, dort à chacune des séances et se réveille à la dé-sophronisation (c’est vrai, il semble être réceptif à la sophrologie.)
Une résidente pose la question :
Qu’est ce que la sophrologie ?
Je lui répond à elle et au groupe, elle résume » la découverte de soi ».
Les soignants me signalent qu’un participant dort encore, on lui laisse sa chaise, au cas où, il viendrait plus tard.
La pratique de la relaxation dynamique est proposée avec comme mouvement. 1er système: déplacement de la tête/ 2ème système: pompage des bras/ 4ème système: mains en griffes/ 5ème système: Rotation axiale/ 6ème système: Tension moitié droite puis gauche puis tout le corps « hémicorps »
Pendant la séance une participante s’est endormie à partir de la sophronisation de base. Une dame est partie pendant la séance pour chercher son mari.
Les participants ont investi les temps en posture debout avec implication et présence. Sur la rotation axiale, la joie unie le groupe à se balancer tous ensemble. Il y a un aspect calmant berçant dans certains mouvements qui autorisent une proposition de mouvement libre. L’objectif de la séance était “bien vivre son mouvement propre”.
Une participante dessine des vibrations de chaque côté de son contour. Elle partage au groupe le mot « les vagues » il est apposé dans son dessin contour, elle fait le geste.
D’autres mots se partagent « Orientation », « Hériter de ma mère », « détendue je me sens bien ici ».
9ème séance 22 mars 2021 RD1 • L’objectif “vivre son corps en équilibre”. L’intentionnalité “par la confiance en soi”.
Troisième rendez-vous de la pratique de la RD 1er degré.
Prendre confiance en soi, pour aider à affirmer son schéma corporel/son schéma existentiel/son alliance active avec le monde.
Vivre la forme et les mouvements dans le vécu (de sa relation) avec les autres personnes du groupe. Le groupe a montré des ressources positives et actives à se tenir debout, dans la posture et dans l’implication de tout leur corps (ils sont comme pulsés dans nos rendez-vous avec la RD).
Je propose la séance comme une invitation à (s’)équilibrer la conscience de ce que l’on vit dans notre corps.
La pratique de la relaxation dynamique est proposée avec comme mouvement. 1er système: déplacement de la tête/ 2ème système: pompage des bras/ 3ème système: rotation des bras/ 5ème système: Rotation axiale/ 6ème système: Tension moitié droite puis gauche puis tout le corps « hémicorps »
Le chemin semble connu , je m’aperçois d’une guidance avec un ton clair, de l’ordre de la précision, les mots me viennent simplement. Je me sens porté par l’énergie du groupe, qui entre facilement dans les différentes étapes de la séance, la respiration consciente, les trois techniques clés et les mouvements et le temps de concentration sur l’objet.
Sur les mouvements, je propose d’explorer l’équilibre en soi, yeux fermés. Pendant la séance j’accompagne les changements de postures de RD, assis puis debout, en prenant bien le temps du changement (du déséquilibre et de l’équilibre qui s’alterne).
J’ouvre les yeux régulièrement, pour m’assurer que chacun vit la séance en sécurité.
Les participants du groupe ont besoin d’un long moment pour revenir. La séance a duré 45 minutes.
Le temps du partage.
Après chaque séance, j’ ai ritualisé le support avec la feuille A4 avec un contour de corps (au stylo). Chacun peut l’investir comme il le souhaite. avec un temps d’échange oral possible.
Une participante est dans la gratitude, elle s’est exprimée sur sa feuille-contour: elle a dessiné des yeux fermés et a inscrit sur la poitrine,
Je vais bien, je vous en remercie, merci, je vous remercie beaucoup.
(Annexe dessin)
Le participant qui évoquait la sensation “d’être à ma voix…” à la 4ème séance, a écrit sur son support « oui une certaine liberté ». Mr DB (écrit) “je me sens bien dans ma peau”. Mme C “je me sens détendue”, “pas trop mal ». Mme DV, “décontractée”, MMe B “je suis bien dans ma peau”, Mr H “oui bien une certaine liberté”, Mme C “je me sens détendue”, MMe DV “décontractée détendue”.
Le groupe est comme il le formule lui-même détendu et reposé, bien dans sa peau.
10ème séance 29 mars 2021 RD1 • Objectif « se connecter à soi », est relié au sous objectif « se connecter à ses capacités propres ». Son intentionnalité: « relationner avec soi avec bienveillance. »
Sur le chemin qui mène à mon lieu de stage, je vois à quel point j’apprécie ce moment avant d’arriver. Je vis ce moment de pleine présence (un vrai temps plein ! pour moi !), j’accueille tous les
phénomènes et les ressentis qui m’habitent. S’inscrit en moi, ce présent vivant en mouvement. Je suis conscient de l’avancement inexorable des séances et de mon apprentissage. Dans cet état d’intégration, je rentre, et envisage de vivre cette séance comme si c’était la première fois, je veux dire que je suis pleinement à la surprise qui s’offre pour moi.
(4ème fois avec la pratique). Les mouvements de RD1 seront ceux du 1er système: déplacement de la tête, 3ème système: rotation des bras, 5ème système: rotation axiale, 6ème système: Tension moitié droite puis gauche puis tout le corps « hémicorps ».
J’accueille les résidents avec le goût de la nouveauté (!) et eux avec celui de la récurrence. Le rendez vous est attendu par eux avec familiarité. Certains sont même en position de relaxation dans leur chaise et les mains sur le genoux (!).
Je dis en répétant de “s’écouter intérieurement”, “de s’accueillir”, avec l’intentionnalité de relationner avec soi avec sympathie, je redis régulièrement “on s’attend”, “avec délicatesse avec vous”, des « c’est vous, avec vous”.
Pendant la concentration de laisser venir librement un objet. A la question “en avez-vous un ?”, un participant répond une couleur, je la reformule et je demande à chacun “et vous”, chacun dit une couleur. Alors pas d’objet mais une couleur que chacun nomme, cette émergence s’est faite naturellement,de façon fluide. J’accueille, chacun est dans sa couleur (Rouge vif, blanc, rose, bleu ciel, bleu marine, beige).
Je répète les couleurs avec les noms des participants, qui sont les couleurs, qui sont plongés dedans.
J’ai adapté le protocole. L’énergie s’oriente à se connecter à sa couleur, à se lover dedans, s’accueillir dans la couleur.
La connexion à soi s’épaissit dans cet environnement coloré de soi. Présence à soi dans l’écoute interne.
Je propose de décrire – dessiner sur sa feuille (avec le contour du corps toujours), ceux qui le souhaitent s’expriment. Un participant dit: “je prends contact avec les futurs positifs, je prends du recul, on ne la laisse pas seule. On les avait oubliés, des personnes qui auraient pu revenir plus souvent, l’important c’est la cohérence.” Une autre: “Bien dans sa peau, ça n’existe pas les gens parfaits”. J’accueille avec ouverture, sans reprendre en laissant résonner les états.
J’offre sur les deux dernières séances des techniques de futurisation. Nous allons nous « permettre de vivre nos sens”, de vivre ce qui nous permet d’être en relation à soi et au monde.
11ème séance 12 avril 2021 SP des 5 sens • Objectif « être présent par ses 5 sens « , sous objectif “se connecter avec ses capacités propres”. L’intentionnalité est celle de “dialoguer avec mes sens”.
La structure ce jour- là a des difficultés, des participants ne pourront pas être à l’heure. J’adapte alors ma guidance et concentre les 3 techniques clés, le groupe adhère et explore librement chacun de ses sens.
La vivance, le vécu intégré et la conscience de nos 5 sens, nous a beaucoup mobilisés.
Une participante dit « c’est l’apprentissage », une autre « je vais m’endormir décontractée », et une résidente chante, « ça va très bien madame la marquise”.
12ème séance avril 2021 • Objectif: « Connecter ses capacités propres », l’intentionnalité: « avec gratitude, être fier d’être vivant ».
J’accueille le groupe avec émotion et joie. Je suis conscient de vivre les derniers moments avec eux. Pour présenter la séance, je propose des capacités possibles, en échangeant avec eux. Chacun énonce sa capacité, j’intègre le questionnement dans mon terpnos logos et j’interpelle chaque participant à nommer sa capacité, “A quelle capacité vous connectez-vous ?”. J’en propose… Celles qu’ils ont énoncées:
HARMONIE/ AMOUR /CONFIANCE/ SÉRÉNITÉ/ COMMUNIQUER/ L’AMOUR/CONFIANCE/HARMONIE.
“J’aime faire plaisir aux autres, c’est encore faire plus plaisir à soi”. “Après cette séance je me trouve en forme et j’aimerais le partager”. “Je vais très bien dans le coeur”. “Ma douleur part un peu après le sport”. “J’ai envie de tranquillité. Le ressenti après le sport”.
Réflexion professionnelle sur l’accompagnement et sur la méthode
Réflexion professionnelle sur ce qui a été apporté, en réponse à la problématique. Par les apports du groupe et des participants.
Accompagnement professionnel phénoménologie
L’objectif principal du stage était “Être présent à soi” et pour atteindre l’objectif pour les participants et moi sophrologue nous allions être dans la proposition du pas de côté.
Mon accompagnement professionnel phénoménologique traduit mon attitude phénoménologique. J’accueille les membres du groupe tel qu’ils sont , sans jugement de valeur. Ils sont les bienvenus avec leur état d’être.
J’accueille mon état de conscience en faisant le pas de côté, Je m’accueille pour être disponible à la réalité des membres du groupe. Ce pas de côté est un exercice qui au fil de sa répétition se révèle être un temps d’arrêt qui permet de faire un point et de se repositionner ici et maintenant, prêt à , disponible.
Cette possibilité d’être disponible, d’être au clair avec ses désirs pour les laisser là où ils sont, m’a permis une ouverture, la création d’un espace d’accueil. Les personnes du groupe sont atteintes de la mémoire et ont une relation au présent. D’une certaine façon, ils ont comme une disponibilité naturelle.Ainsi le moment vécu est vécu pleinement, là.
La thématique était la connexion à soi lorsque l’on vit avec des difficultés d’orientation temporelle et spatiale et un perte de la mémoire. Dans cette perte de repère, l’attitude phénoménologique propose d’être juste présent ici et maintenant. Être présent pour des personnes qui sont dans le présent, c’est bien un travail phénoménologique.
Le rapport que la conscience entretient avec les choses,
Accompagner par la réduction permet d’expérimenter et que les choses apparaissent en chair et en os.
Les principes fondamentaux
Les principes de la sophrologie ont structuré et appuyé ma pratique sophrologique tout au long de mon stage.
Le premier principe est le schéma corporel comme réalité vécue. C’est celui de la conquête du corps. La lecture du corps et la prise de conscience des sensations perceptions permet d’amener au schéma corporel plus de réalité vécu. Ce principe va conduire petit à petit de “j’ai un corps” à “je suis mon corps”. Les membres du groupe ont été accompagnés avec ce principe à chaque séance et à chaque pratique dans cette conquête par les ressentis et les perceptions du corps.
Les participants ont également exploré les sensations par toutes les dimensions du corps par le biais de la progression et la complémentarités des pratiques. Également par l’expérimentation des postures différentes que se soit assise, de relaxation ou dynamique et la posture debout. L’accompagnement des changement de posture en conscience à favoriser et encourager vers une meilleur connaissance de son corps dans le changement.
Afin de pouvoir faciliter l’expression des participants pour exprimer leur état j’ai mis à disposition une feuille A4 avec un contour de corps dessiné. Chacun avait la liberté de l’investir comme il le voulait. Il était utilisé avant et après la séance qui permettait d’être un support pour le partage oral à l’accueil des phénodescription. C’est le principe du schéma corporel et la notion de contour du corps comme limite de l’intérieure et de l’extérieur. Je l’ai utilisé de la 7e à 12e séance et il s’est révélé très étayant pour l’expression des ressentis et perception corporelle. Pour les participants c’est aussi l’unification du corps qui s’est joué. L’accompagnement des phénomènes a permis de reprendre place dans ce corps et aller vers sa corporalité propre par l’actualisation.
Le principe de l’action positive est la possibilité d’activer à tout ce qui peut participer à la construction, la collaboration, l’émancipation de l’autre et de soi. Diriger vers la conscience l’acte positif se répercute sur l’être dans son entièreté.
J’ai été à mon groupe, aux professionnels de la structure d’accueil dans le principe d’action positive. Et cette action change le regard et a un pouvoir de répercussion positive. Voir et identifier ce qui constructif permet un chemin plus lumineux. Dans la relation avec les membres du groupe cela à permis d’envisager les actes de chacun comme constructif et positif. Je suis avec vous.
Le principe de réalité objective consiste pour le sophrologue de comprendre et percevoir son propre état de conscience, sa réalité objective, pour en tenir compte face à celui du client. Ainsi c’est pouvoir tenir compte de la réalité subjective de l’autre. Ce principe tout au long du stage m’a insufflé de la légèreté et cela m’a enlevé des préoccupations inutiles. Une façon d’être plus consciente de ce qui est vraiment là , ici et maintenant.
Le principe d’adaptabilité est le fait que le sophrologue adapte ses pratiques , ses techniques à son groupe, à la réalité de ses clients. Ainsi c’est la l’écoute active, la présence, et la créativité du sophrologue qui lui permettra cette adaptabilité fine pour favoriser l’alliance. La réalité des mes participants m’a activé sans cesse ce principe. A chaque séance et pour chaque pratique.
Ainsi lors de mes guidances je me suis adapté et introduit par intuition des temps de questionnement oraux pendant la pratique pour faciliter les moments de choix et ainsi valider avec eux pour continuer la progression dans la pratique. Ainsi lors de la pratique de la sophro-présence immédiate, à “établissons mentalement un lien avec une personne pour qui nous éprouvons un sentiment positif”, cela me permettait de pouvoir guider et de faciliter pour tous l’exercice (les membres du groupe et moi). Alors pour chacun je peux individualiser par: “pour certain c’est votre mère , pour d’autre c’est votre neveu, ou encore pour certain une ami d’enfance”. Cette individualisation de l’exercice prenait alors authenticité peut-être. En fait, cette aide pour le groupe m’aidait, nous aidait.
La crise sanitaire nous a demandé de l’adaptation. Porter le masque, s’habituer à parler avec, expliquez pourquoi on le porte. Les gestes barrières et la distanciation sociale ont fait partie intégrante des règles de l’atelier.
L’écoute Rogérienne, l’alliance à travers les dialogues pré et post sophroniques et la phénodescription
L’accompagnement par la reformulation intuitive (non directive), le questionnement bienveillant respecte chacun dans sa libre expression. Elle est essentielle pour structurer la pensée. Effectivement les participants souffrent de la perte du mot, aphasie et de la capacité de raisonnement.
Pour sa non mise en échec, j’accueille tous les mots, toutes les phrases: exemple une dame dit « c’est la décratisation, j’accueille ce mot, je m’axe sur ce qu’il me fait, j’accompagne ce mot dans l’intention de ce qu’il contient, dans ce qu’il porte, dans ce que je sens qu’il contient, sa reformulation permet à la personne de poursuivre sans qu’elle ne soit interrompue. En percevant les mots dans leur globalité, j’accueille un confort d’appui pour la personne, je donne un espace à la volatilité de sa mémoire fragmentée. (je cherche son déroulé // confiné dans sa pensée préverbale, … les mots et leurs lexiques s’envolent) la métacommunication est une pratique constante.
Porter son attention à ce que le patient montre, c’est ce que le professeur, psychiatre F. Ploton préconise, ce qui rejoint l’écoute centrée sur le ressenti de Rogers.
Ils sont perméables au climat relationnel qu’ils perçoivent. (ibidem) L’empathie en est d’autant plus perçue, et j’ai pu grâce à leur perception sensible, laisser court à toute mon empathie en retour. Le regard ‘miroir’ est très actif avec ce public.
Les patients réputés déments sont donc perméables au climat relationnel et, sans peut être toujours comprendre finement ce qui se dit, ils en perçoivent le sens général. Ce qui se passe avec eux ou à propos d’eux, l’essence de ce qui se joue, de l’avis unanime des observateurs attentifs, semblent perçus par eux.
Ibidem
Être centré sur ce que l’autre ressent et vit pour s’ouvrir en le percevant dans sa globalité. Je posais mon assurance de façon inconditionnelle, une confiance en l’autre inconditionnelle.
Au fur et à mesure des séances, l’alliance s’est mesurée aux descriptions livrées par les participants avec une très grande ouverture, ils étaient en confiance. Les identités de chacun se sont ancrées, marquées au sein du groupe. Un réancrage de l’identité s’est mené de séance en séance. Chaque membre du groupe s’est progressivement ‘reconnu’. Avec engouement et chaleur, je redéploie et je répète les rythmes, les rituels, les habitudes de placement (certains sont en demande d’être face à la fenêtre, ou une autre près des toilettes, une toujours avec sa copine, respect des repères spatio-temporels).
Je relève et suis attentif à ce qui m’attache à chaque identité (le monsieur toujours bien apprêté en blazer, la dame accompagnée de son compagnon canin, qui participe, tranquille sous la chaise de sa maîtresse, la dame qui évoque sa sportivité, elle faisait du sport à Bercy). Le sentiment de familiarité s’installe dans nos rendez-vous. Au fil des dialogues pré et post sophroniques sont récoltés des éléments d’anamnèses qui ont émergé naturellement pour chacun. La vie (le lien) dans le groupe s’organise. Nous sommes en présence de ce qui se vit, je suis garant du “attentif ensemble” et de son suivi.
L’alliance dans le dialogue sophronique prend en compte les phénomènes survenant en temps réel. Je suis touché dès le premier rendez-vous par la disponibilité du groupe et par son ouverture, il n’y a pas de frein, je sens leur adhésion à l’expérience. C’est bien l’approche phénoménologique qui potentialise leur état de disponibilité.
La maladie les rend “ici maintenant”, l’intensité est d’emblée palpable. Je recueille le phénomène où je peux dire que je ressens d’emblée leurs qualités d’accueil. Ils sont entiers, sensibles, ils subliment la rencontre, ils sont juste, je dirais qu’ils sont toujours juste dans le mouvement du cœur, ils me touchent dans leur intensité, ils sont vibrants, très vivants et souvent généreux. Je me mets en fréquence dans cette écoute active, dès la rencontre, et c’est ce qui m’a porté avec le groupe à entrer dans la bonne fréquence de relation.
Je suis resté à l’intérieur de ma congruence (connecté aux valeurs profondes, à nos besoins et nos émotions, et les exprimer sans faux-semblant, à travers nos attitudes, nos comportements). Pour potentialiser la relation active, ce regard connecté m’aide au quotidien. Je me synchronise avec ce lieu du mouvement interne, avec ce qui est disponible, ce qui est potentiellement présent chez la personne.
L’étape de l’installation du groupe se prépare, se construit, s’apprivoise avec subtilité, dans sa récurrence. La répétition est aidante, elle est source de repères contenant, dans le relation de l’alliance proposée, ils ont le goût de cet échange actif (réciprocité dit Danis Bois). Cette alliance (ce principe actif) je reste vigilant à son maintien. Je suis donc en tant que stagiaire ‘presque’ tenu, ‘presque’ guidé dans une écoute interne des capacités émotionnelles des personnes alzheimer, où (savoir) rejoindre le registre émotionnel devient fondamental (registre resté performant avec eux même et autrui).
La colère est intense, et brutale, dire “Là, je vous sens en colère !”, tenter de mettre des mots sur ce que vit la personne l’aide à “toucher” (recueillir) sa colère pour l’apaiser, la tristesse peut être source de dépression, de nombreuses personnes en souffrent, la pensée d’une personne chère disparue, instantanément les fait pleurer, l’émotivité est à fleur de peau.
Je travaille au cœur de cette émergence de l’émotion en institution depuis presque 20 ans et par la sophrologie je rentre dans une nouvelle conscience pour moi. La mobilisation de ma part active me pousse dans une action fondatrice constructive, je deviens sophrologue: je passe d’une conscience ordinaire à ma conscience sophrologique.
Je peux dire que la fréquence du cœur ne ment pas avec une personne Alzheimer.
Dès la seconde séance j’ai des mises en mots de ressentis forts en phénodescription, celui de cette participante résonne particulièrement, « je me suis réconciliée avec mon corps, ça se diffuse » en faisant le geste des mains du haut du corps vers le bas. Je refais le geste avec elle et je lui dis « vous vous sentez comment maintenant », elle redit « réconciliée.. ».
La dame se réapproprie son vécu, dans la chair du mot “réconciliée” qu’elle répète, elle l’engramme dans ce vécu qu’elle intègre dans tout son corps. Elle se perçoit dans l’action.
Les techniques intra-sophroniques et l’accompagnement phénoménologique
Le silence comme condition à l’intra-sophronisation, permet l’accueil “du coeur (de soi)”.
Je me questionne: avec quoi rentrent-ils le plus en résonance ?… Souvent des participants demandent un accompagnement d’aide à la dé-sophronisation, ils ont besoin de temps pour sortir de la sophronisation, ils sont pour certains (un ou deux personnes par séance ont demandé d’être accompagnés à ce retour) plongés dedans.
Pendant les séances, ils avaient les yeux fermés très longtemps, ils avaient beaucoup de stabilité dans leur posture. J’ai noté des séances de plus de 45 min, et des stabilités (du moins supposées) sans agitation.
La vivance phronique semble atteinte, mais qu’en est-il vraiment ?. Pour moi, mon observation me laisse penser qu’ils semblent être dans le processus vivantiel, ils semblent plongés dans cette rencontre celle de faire bien relationner cet espace phronique, d’état modifié de conscience. Ils intègrent assez spontanément, c’est aussi un soulagement pour eux où les pensées semblent vraiment apaisées.
Remise en question de ma pratique et regard critique : Amélioration de la qualité.
“Inerte de la tête”, … “…” je ne suis pas encore prêt à métaboliser réellement toute la souffrance du vécu de la personne dans la maladie, je n’ai pas su répondre (autrement que par mon silence relationnel la plupart du temps) avec le contenu de ces paroles. J’apprends encore à me mettre en relation avec ce langage si sub-liminal, si créatif, si plastique, si touchant, si psychique et si émotionnel, qui se produit dans l’impalpable. Langage tout à fait particulier, où nous éprouvons quelque chose de l’humain dans sa profondeur, la maladie fait émerger des pensées qui ne sont pas réfléchies. Des pensées si fortes, leur dessin en est le témoin bouleversant.
Une capacité à entendre les mots et à raisonner/résonner avec leur signification, une capacité cognitive que j’apprivoise, que je découvre depuis que je me mets en approche de mon propre ressenti, depuis mon implication personnelle, ce que je ne faisais pas avant ma formation en sophrologie.
Toucher à cet état de qualité relationnelle est encore en recherche de son apprentissage chez moi. Je cherche à me mettre en écho dans mon corps. Cela demande du temps de pratique. Je vois le chemin à parcourir avec mes interlocuteurs si jeunes, si dynamiques, ils me mettent en conscience de ce travail sophrologique à mener, il me conduira à l’élargissement du sub-liminal, qui me permettra d’accroître ce travail.
Comment faire ‘retentir’ ces mots dans le corps des participants, c’est ce à quoi, j’aspire. Être davantage concerné dans mon approche personnelle, je cherche cette voie vers moi-même. Je m’aperçois que je suis souvent dans la contemplation (le laisser agir du phénomène et non son agir) de ce qui se vivait. Je prends note de cet aspect de moi contemplatif, j’ai souvent jugé cet aspect précautionneux et prudent. Je porte maintenant un regard plus calme sur mes doutes. Vivre la vivance m’oriente, me remet en moi et m’apaise. Lors de mon stage, j’ai vécu une réelle révélation sur le fait de faire silence et sur le fait de laisser émerger.
En quoi ces apports de la sophrologie répondent à la thématique.
À la thématique: La MA qui contribue à la perte des limites, à la désorientation, à la défaillance de la permanence identitaire.
Comment s’intègre avec la maladie la pratique (?). L’intégration dynamique de l’être en action, comme réalité vécue, a-t-elle été vécue ? Je pense que la répétition vivantielle peut du moins aider à vivre la maladie et sa dégénérescence. C’est une faille existentielle du Moi que de vivre au quotidien la perte de tous ses repères et de vivre les effets de la perte du discours verbal (délétère, cf. docteur Ploton).
Leur ressenti est-il sans cesse malmené ? avec une déambulation dans la sensation interne ? Je ressens tout cela à la fois avec eux… L’écoute du sensible dans le soin n’est pas possible tout le temps. Leur vulnérabilité face à la détresse des accompagnants naturels qui demandent souvent beaucoup à leur parent atteint est aussi un drame.
Voici ce que dit le docteur Ploton :
Il y a lieu de souligner que la perte du discours verbal prive le malade de la possibilité universelle de mettre des mots sur ses émotions pour gérer son stress. La décharge émotionnelle libératrice de la parole fait place à la décharge émotionnelle directe, la fonction cathartique étant atteinte.
La sophrologie vient bien proposer une ressource, un espace d’accueil de cette souffrance.
l’objectif du stage. La persistance de la présence à soi.
L’atelier “au cœur de soi” s’adressait à un groupe de personnes atteintes de la MA. La perception de la présence à soi s’est ressentie dans la vie quotidienne après les pratiques.
Ci-dessous, ce qu’en dit la psychologue de l’établissement, elle a répertorié les acquis observés après les séances, voici son retour d’expérience, elle fait état de capacités activées: les voici:
Se positionner en tant que sujet, le “Je” s’affirme. Renforcement de l’identité, avec une amélioration de l’image de soi, Mr L. “Insupportable, mais qui de mieux …?”. Restructuration de la pensée, expression écrite et verbale augmentée, et meilleure situation dans le temps (dessin bouche fermée, et dessin bouche souriante). Essor de la relation objectale, la personne retrouve une relation avec le monde et les autres, ouverture sur le monde, elle a à nouveau une relation à l’autre, “pour le moment j’ai besoin de partager”, “faire plaisir aux autres”, “après cette séance, je me trouve en forme et j’aimerai partager”.
Apaisement des souffrances, la personne intègre son vécu, comme Mme L. qui verbalise au cours de la 8ème séance “cet enfant semble très bien dans sa peau”, “je me sens bien en séance de gym de tous les dimanches, et je ressens un bienfait énorme.”, (cette personne a vécu le deuil de sa maman très jeune, elle met des mots (inscrit, sur la feuille A4 sous le contour) sur ce vécu, alors qu’ici (même jour, le 18 mars) elle a rempli le contour de façon décorative, comme une poupée d’un enfant ou elle même (?) (des cheveux d’une ligne en bouclette, un collier ras de cou, des jolis petits boutons très réguliers au centre du corps, des pièces de vêtements aux poignets et chevilles, une bouche qui sourit avec les dents et des yeux ronds).
La MA n’empêche pas les personnes d’être en disponibilité corporelle, le moi corporel.. le moi présentiel est bien advenu dans la pratique, très peu de personne se sont levées, les corps étaient en paix.
Belle attentionnalité ressentie par les soignants eux-mêmes, ils ont constaté qu’ils faisaient, disent-ils des “Efforts” (motivation).
La sophrologie donne un point d’appui bien réel qui apaise, qui se renforce avec singularité, les personnes se remettent en lien avec leur vécu. Stabilité relative mais réelle.
Cette observation est faite sur le court terme. Interroger les équipes soignantes sera très riche d’enseignement dans le long terme ensuite.
Les pratiques sophroniques (dans l’accompagnement pré et post sophronique) ont accompagnées chacun à passer d’avoir un corps à être un corps.
Ils étaient très alertes, belle alliance des patients pour l’expérience, ils ont montré leur stabilité.
Conclusion
Je me positionne aujourd’hui auprès de vous, auprès de mon entourage, je prends ma place, je m’affirme, je suis plus à l’écoute de ce qui germe en moi, comme nouvel espace: touchant /touché . Je ressens mon approche précautionneuse dans mon rapport de séances (respecter la méthode m’a beaucoup mobilisé, mais, j’en faisais l’expérience pour la première fois), j’ai maintenu mon cadre. J’ai découvert que je pouvais interroger davantage ma relation première, celle de ma différence dans l’institution, future et passée, sophrologue en devenir, je suis plasticien de formation à la base).
Je me suis découvert dans cette méthode, dans mon moi actif (dans ma part active) celle qui conscientise son action (nouvelle sensation/étrange/nouvelle adaptation), ça déroge à mes habitudes de métier de cadre de vie ! (référent de vie sociale garant de la vie de l’établissement).
Je découvre la pratique sophro, et Je me suis moi même découvert (surprise de qui je suis/nouveau questionnement), en même temps, je découvre mon désapprentissage de mes habitudes (Négociation interne dans mon nouveau vécu).
Dans la sophrologie, je suis dans une nouvelle dimension, au-delà du soin.
Légitimité accrue: moins de représentation, moins enjeu, plus de souplesse, plus d’ouverture (des professionnels de soin moins fatigués//des MA moins oppressés et vis et versa).
Nouvelle réflexion à apporter sur le soin, redonner du sens au cadre institutionnel (redonner sa capacité de sentir /// plus je sens, plus je suis en conscience), pour se sentir vivant au sein de la pensée de l’institution.
Je sens mon approche se redimensionner, et je sens la demande des personnes atteintes de la MA dans le sensible, et la conscience.
Ces personnes déambulent dans la quête d’eux même, les remettre au cœur est essentiel.
Perspectives de mon projet professionnel
C’est bouleversant d’acquérir un regard actif d’une conscience qui a conscience.
Je ‘’suis’’ sophrologue, et je demeure Référent de vie sociale dans une institution qui accompagne des personnes atteintes de la MA, c’est que la part de la sophrologie s’accroît.
Au sein de mon travail, la demande est en cours et les validations sont nombreuses en partenariat avec les psychologues. Je suis amenée à faire peut-être une publication suite à mon atelier.
Cette approche, remotive ma pratique personnelle artistique, qui se fait jour dans ma recherche globale de l’expression de soi phénoménologique.
La recherche me permet de rester dans le rebond positif de vivre en tant que sophrologue, c’est pour moi maintenant comme un nouvel envol.
Retour de mon lieu de stage.
Bonjour Philippe,
Comme convenu ensemble, je vous fais un retour d’expérience vécu par la Villa Baucis suite à votre stage de sophrologie : 12 séances de sophrologie avec un groupe composé de résidentes et résidents.
Je pense que toute l’équipe a fait le constat de l’adhésion des résidents à cette expérience. Nul besoin de négocier pour se rendre à la séance, l’envie était présente. D’ailleurs, nous n’avons pas noté de défection de résidents au fur et à mesure des séances mais plutôt des adhésions volontaires de résidents (avec un profil de grande déambulation) voulant s’installer dans le groupe et participer aux séances. Ceci peut nous permettre d’attester que le climat des séances était calme, serein et
bienveillant pour que chaque résident puisse entrer dans les bienfaits des séances de manière individuelle. Nous avons pu constater la sérénité de ces résidents suite aux séances.D’ailleurs, l’équipe, plutôt réticente au concept de sophrologie au départ, a demandé à la direction si les membres de l’équipe pouvaient bénéficier de séances de sophrologie. Cette demande de l’équipe montre bien le constat et le ressenti de l’équipe pour les résidents ! Et nous et Nous ! Du point de vue de la direction, cette expérience de séances de sophrologie sera proposée au personnel pour 4 séances dans le cadre du projet de la Qualité de Vie au Travail, et, je remercie Philippe d’avoir fait adhérer l’équipe de manière indirecte pour eux-mêmes !
Pour conclure, il me semblerait intéressant que Philippe Millet puisse faire bénéficier la Villa Baucis de son travail et son point de vue de cette activité réalisée avec nos résidents lors de la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer , car nous avons pour habitude de proposer une journée portes ouvertes ce jour-là avec des présentations de professionnels œuvrant à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer et apparentées. J’espère que nous pourrons compter sur Philippe pour nous faire une présentation de cette expérience innovante dans nos murs.
Bien cordialement,
Mme La directrice.
Bibliographie, veille documentaire.
- L. Ploton, “Ce que nous enseignent les Malades d’Alzheimer”Chronique sociale
- L. Ploton, “A l’écoute d’un langage”,Chronique sociale,2009
- M.Personne, “Accompagner la maladie d’Alzheimer, les médiations de la réussite.”Chronique sociale
- P. Piolino, “A la recherche du self, théorie et pratique de la mémoire autobiographique dans la maladie d’Alzheimer “, l’Encéphale (2008)
- Eustache-Vallée M-L,et al, “Le sentiment d’identité au stade sévère de la maladie d’Alzheimer: une observation clinique” Ann Med Psycol (2016)
- B.Diguet , “sophrologie et Alzheimer” Sophrologie pratiques et perspectives, p 40-p 43 n°24, 2019
- N. Chaze, “Accompagnement sophrologique de la maladie d’Alzheimer”Sophrologie pratiques et perspectives, p 48-p 51 n°24, 2019
- C.Montani “la version cachée de la maladie d’Alzheimer: Celle livrée par le patient” Gérontologie et société -n°97- juin 2001.
- D.Bois, I. Eschalier “La méditation Pleine Présence.”Editions Eyrolle
- ”Des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer”, La lettre de la fondation M. Alzheimer, juin 2016, Numéro 42.