« Ça commence par moi ».
La suggestion raisonne d’abord comme une ode à l’égocentrisme, aboutie et parfaitement assumée.
« 365 manières de changer le monde à l’échelle de l’individu, selon ses talents, ses disponibilités, ses moyens ».
Ainsi complétée, l’exhortation change singulièrement de sens. Et les ambitions altruistes de Julien Vidal, fondateur inspiré de cette plateforme collaborative originale, transparaissent alors. Elles interrogent le quidam pour qui la planète, l’environnement, l’éco-citoyenneté… constituent des alternatives crédibles aux errances auto-destructrices d’une humanité qui s’égare.
Parce que l’invitation sollicite l’intervention, unique ou répétée, aisée ou sophistiquée, de chacun, Ça commence par moi tend à empêcher que « ça se termine pour tous« .
Difficile de ne pas adhérer à pareil enjeu !
Pour Julien Vidal, ça commence par le monde…
Si les voyages forment la jeunesse, nul doute que Julien a été bien formé ! Ce jeune grenoblois de 32 ans amoureux de nature et passionné de randonnée et de ski est un insatiable globe-trotter.
Pendant 7 ans, il oeuvre pour des ONG. En Colombie d’abord, pour aider à la réinsertion des guérilleros des FARC, puis pour l’accompagnement des jeunes des bidonvilles philippins.
Pendant cette période, j’ai découvert de nouvelles valeurs : la force de la famille, le respect des anciens, la sobriété heureuse…
Pour Julien, le déclic « éco-responsable » intervient en 2010…
J’étais en voiture, et j’entends parler à la radio du « jour du dépassement » (qui détermine le jour de l’année à partir duquel toutes les ressources de la planète ont été épuisées). On était tout début août. Je me suis dit « mais c’est pas possible, on est en août ! ». Et c’est comme ça que j’ai décidé qu’il fallait absolument faire quelque chose : je suis devenu végétarien et j’ai commencé à vivre ma vie avec un prisme écologique.
Ça commence par moi : ou comment donner du sens à nos actions quotidiennes ?
Durant ses pérégrinations autour du globe, Julien fait plus que prendre conscience des perturbations du climat, il les vit. C’est à cette époque qu’il commence à chercher les solutions à mettre en oeuvre.
Là-bas, j’ai fait face à la réalité du changement climatique. Il n’y a même plus assez de lettres dans l’alphabet pour nommer tous les typhons qui passent en un an. Les inondations, la détérioration des fonds marins. C’était du concret, j’ai été très impressionné.
Alors j’ai commencé à me demander ce que j’allais pouvoir faire une fois de retour en France. Comment trouver du sens ? Du sens humain, mais aussi du sens écologique ? J’en avais trouvé aux Philippines. Je me demandais comment faire pour retrouver ça dans mon travail en France ?
Dès son retour, il opte pour une dynamisation positive des individus. Pour Julien, il n’est plus temps de dramatiser et il ne sert à rien de culpabiliser. Les changements pourraient au contraire intervenir dans le cadre d’une mobilisation accessible et qui fait sens. « Ça commence par moi » est né.
Il fallait que je trouve un challenge qui me pousse à avancer. J’ai donc créé un site internet qui s’appelle Ça commence par moi, et développé l’idée d’adopter une nouvelle action par jour pendant un an. Je trouvais le chiffre intéressant et symbolique. Je voulais faire quelque chose dans toutes les facettes de ma vie. Le faire sur internet m’a obligé à aller jusqu’au bout, à le faire tous les jours et à ne pas dire de conneries.
Méditation : je m’adonne à la pleine conscience !
Conçus autour d’une dizaine de thématiques différentes (Environnement, Technologie, Education, Spiritualité, Culture…), les actions envisageables et les changements de comportement suggérés sont toutes et tous évalués à l’aune de deux critères : durée et coût.
Si le tri sélectif, les énergies vertes, l’alimentation Bio… apparaissent en bonne place dans la liste des choses à privilégier, d’autres, plus confidentielles, sont proposées.
Découverte de son monde intérieur et quête du bonheur en font partie. Dès lors, faut-il s’étonner que la méditation de pleine conscience, les préceptes de Christophe André et les stages Vipassana fassent l’objet d’une « série » spécifique ?
Et la bonne nouvelle, c’est que ces actions-là ne requièrent qu’une heure et moins de 5 euros pour s’y adonner…
Changer le monde, « ça commence par soi » avec la sophrologie ?
Si nous le lui demandions, Anne Almqvist nous le confirmerait sans doute : améliorer le monde qui nous entoure, rendre les femmes et les hommes de cette planète plus heureux et plus bienveillants les uns vis-à-vis des autres, implique de porter un autre regard sur soi-même.
Parce qu’elles consistent à modifier la perception que nous avons de nous-même et à nous focaliser sur les aspects positifs de nos existences et de nos êtres, les techniques enseignées en sophrologie y contribuent grandement.
La directrice de l’Ecole Supérieure de Sophrologie Appliquée en est convaincue. Et qu’en pense Julien Vidal ?
L’entretien SMILE avec Julien Vidal
Pour quelles raisons avoir introduit sur votre site des informations sur le thème de la Spiritualité et plus particulièrement sur la méditation ?
C’est grâce à mon parcours personnel. Ces dernières années, cette prise de conscience écologique a été menée en parallèle avec un cheminement spirituel. J’ai été amené à côtoyer des gens qui vivaient leur religion bien plus intensément que ce que j’avais vu en France et ça m’a poussé à me questionner sur ma manière de voir les choses dans ce domaine. J’ai du coup beaucoup discuté de la question de la spiritualité avec les personnes que je rencontrais mais j’ai également eu la chance d’expérimenter cet aspect, notamment en suivant un stage de méditation Vipassana de 10 jours ou en partant en Birmanie pendant 2 semaines.
C’est comme ça que je me suis rendu compte que pour moi, cette aventure extérieure de la lutte contre le réchauffement climatique était étroitement liée à un parcours intérieur centré sur la spiritualité.
Christophe André est cité à plusieurs reprises sur la plateforme « ça commence par moi »; comment l’avez-vous découvert et pourquoi avoir souhaité évoquer ses travaux ?
J’ai été amené à lire beaucoup de ces livres et à l’écouter lors de ces nombreuses interventions. J’ai été particulièrement touché par le livre qu’il a co-écrit avec Matthieu Ricard et Alexandre Jollien : « Trois amis en quête de sagesse ».
Du coup, parce que j’aime mettre en avant d’autres personnes bien plus expertes que moi dans chacun des domaines que j’aborde sur www.cacommenceparmoi.org, il m’est apparu évident de rediriger les gens vers Christophe André.
Sans doute pourrons-nous nous entendre sur le fait qu’une conscience lucide et positive de soi-même conditionne l’intérêt bienveillant porté à l’autre et au monde qui nous entoure. Dans ce contexte, toute action ayant pour finalité l’avènement d’un monde meilleur ne devrait-elle pas avoir pour pré-requis cette quête d’harmonie avec soi-même ? Autrement dit, pour avoir envie de changer le monde, ne faut-il pas commencer par avoir envie de changer la vision que nous avons de nous-même ?
Oui, je pense que l’un ne peut pas aller sans l’autre. Ceci étant dit, nous avons tous un cheminement unique et des expériences très différentes les unes des autres. Pour moi, cette quête intérieure et l’acceptation de nous-même peuvent passer par de la méditation, mais aussi par des activités plus concrètes comme l’art, le sport ou même l’entreprenariat.
Parmi les nombreuses actions qui peuvent être envisagées pour un nouveau paradigme, lesquelles vous paraissent être les plus importantes ou les plus urgentes ?
J’adorerais avoir une réponse simple qui pourrait faire l’unanimité mais malheureusement, c’est impossible et c’est aussi ce qui fait la beauté et la complexité de notre monde. Personnellement, je suis très heureux de faire partie d’un supermarché coopératif. C’est une excellente manière de rencontrer ses voisins, d’être un membre actif de son quartier tout en consommant des produits locaux d’excellente qualité.
Je dirais également que le fait d’être végétarien est un acte fort qui me permet d’œuvrer tous les jours dans mon assiette pour une société plus respectueuse de l’environnement mais également des animaux avec lesquels j’ai envie d’avoir une relation plus harmonieuse.
Envisagez-vous de vous mettre à la sophrologie, soit en tant que sophrologue, soit en tant que sophronisant ?
Oui complètement, j’ai encore énormément de choses à apprendre et je trouve que c’est une chance formidable que d’essayer d’être la meilleure version de soi-même un peu plus chaque jour !
Auteur : Eric Eymard