En avril dernier, Marie Hélène Marceau définissait la supervision du sophrologue. Aujourd’hui, intéressons-nous plus particulièrement aux conditions de mise en place et aux avantages d’une supervision de groupe.
Il va sans dire que la pratique professionnelle d’accompagnement a besoin d’être pertinente et de qualité. C’est la raison pour laquelle nous devons préalablement la questionner ou plutôt nous questionner sur notre posture, notre positionnement professionnel.
Quel sophrologue n’a pas été agacé par la personnalité d’un client malgré l’accueil inconditionnel qui doit lui être réservé ?
Quel sophrologue ne s’est pas senti perturbé par un cas difficile ou qui faisait écho à sa situation personnelle ?
Qu’en est-il alors de sa « réalité objective », principe de base de l’entretien sophrologique ?
Le sophrologue est seul face à son client, il s’implique seul et se retrouve seul dans sa posture. Parfois seul dans sa souffrance et ses doutes. C’est la raison d’être de la supervision. L’isolement ressenti peut faire perdre l’axe, l’alignement dans la pratique et bien évidemment la sérénité professionnelle.
Quelle est la place du groupe de sophrologues en supervision ?
Demandons-nous ce que le groupe apporte de plus ? Ce que le travail en groupe ajoute ou modifie par rapport à un travail individuel et en quoi ce dispositif est susceptible de contribuer à un accompagnement sophrologique ?
Le travail en groupe propose à ses membres de partager une problématique. Il implique la participation de chacun à la compréhension et au sens donné à cette problématique. Il constitue un soutien permettant de retrouver son axe professionnel.
Chaque sophrologue construit sa propre place au sein du groupe de supervision dans la mesure où chacun évoque sa relation au sein d’un autre groupe : celle de sophrologue-sophronisant. C’est l’occasion de décrire sa difficulté à occuper une place, la bonne place ou de prendre la bonne distance. C’est l’opportunité de rendre compte d’une situation à propos de laquelle il s’interroge. C’est parler de ceux qui sont accueillis, pris en charge, écoutés dans cette relation.
Il est question de la problématique interne d’un autre, dans un ailleurs, dans un autre temps, dans ses rapports (difficiles, conflictuels, atypiques…) à lui-même, aux autres (famille, entourage, collègues, supérieurs hiérarchiques, élèves…). Il s’agit aussi, parfois, de ses rapports à la santé, à la maladie, à la souffrance, à la mort… et sans doute au savoir, au temps, au changement, à ses valeurs et in fine à la vie.
En exposant ce cas ou cette situation, le sophrologue parle de lui même. Il raconte son implication, prend conscience de ses possibles identifications, de ses résonances. C’est bel et bien une phénodescription de sa pratique, de son accueil.
Qu’est ce qui se donne à voir, à entendre ici, en tant que phénomène ? Qu’est cette relation professionnelle ?
Tout ce qui est percuté et réveillé par une détresse et la mobilisation des ressources défensives. Ses conflits propres, ses manques, ses ambivalences humaines apparaissent malgré son grand professionnalisme.
Les membres du groupe de sophrologues en supervision sont là pour écouter (une écoute active), accueillir et accompagner cette phénodescription professionnelle.
Chacun joue son rôle de sophrologue, qui s’inscrit dans une relation d’aide phénoménologique. Et toutes les consciences ici mêlées à l’unisson vont pouvoir apporter une réflexion collégiale, guider le sophrologue vers l’apaisement.
Le superviseur ne conseille pas. Si nécessaire, il fait émerger ce qui tend à provoquer cette situation et favoriser la mise en action des ressources personnelles.
La problématique professionnelle singulière peut devenir groupale puisqu’elle peut faire écho aux problématiques abordées par les autres membres du groupe de sophrologues.
Le vivier d’expériences et de ressources que constitue le groupe de supervision est la richesse indispensable et nécessaire d’un tel échange.
Quelle est la place de l’animateur superviseur au sein du groupe ?
Et peut-il se contenter d’être en groupe, avec des sophrologues professionnels, celui qu’il est dans la pratique sophrologique de la cure individuelle ?
La place du superviseur ne se réduit pas à la garantie d’un cadre dans la proposition initiale du dispositif mis en place et ne se limite pas à celle d’un animateur ou d’un régulateur de la dynamique groupale.
L’attention est multi-directionnelle : elle concerne autant celui qui expose sa problématique que le groupe. Il s’agit d’entendre la personne à la fois indépendamment du groupe et dans le groupe, et d’être aussi à l’écoute de l’impact du discours sur le groupe.
En tenir compte c’est ne pas négliger les échos que cela provoque et les liens qui peuvent être établis à ce moment là.
L’animateur superviseur prend conscience du contenu du discours : une expérience dans un autre contexte, dans un autre temps, et qui, rapportée ici et maintenant, n’est pas digérée mais en plein métabolisme et donc subjective.
Le sophrologue superviseur a alors besoin de prendre en compte les corrélations de subjectivités et leurs effets : de réciprocité, d’identification ou d’emprise et d’avoir pris conscience de sa propre réalité subjective pour la transformer en réalité objective (épocké).
Il a aussi besoin d’être sensible aux manifestations de l’ensemble du groupe et à celles du narrateur pour : analyser une situation, accompagner, reformuler, recadrer, confronter, ramener à un référentiel théorique et pratique (vivantiel), identifier les axes de progression, mettre en place des objectifs pragmatiques
À titre d’exemples :
- Comment prendre soin de soi dans la relation à la souffrance de l’autre ?
- De quelle façon concrétiser le lien savoir-faire/savoir être dans la conscience de ses propres limites et de ses compétences ?
- Comment identifier un positionnement et un projet individuel pour chacun, un savoir-devenir ?
Accompagné de son superviseur, le groupe cherche à développer ses compétences individuelles et collectives. Objectifs ? Déconstruire une situation perturbatrice de la cure sophrologique et du sophrologue qui la vit, lui donner un sens et trouver les ressources pleines pour y faire face.
C’est un lieu d’échanges et de partages dans une écoute professionnelle active et bienveillante. Les règles de confidentialité sont posées tant au niveau des échanges que des cas exposés.
Mes ateliers de supervision en groupe sont ouverts à tout sophrologue
Groupe de 6 sophrologues maximum pour favoriser les temps d’échanges.
LIEU : Espace Sorano 16 rue Charles Pathé 94300 Vincennes
DURÉE : 3h de 9h15 à 12h15
DATES : 16 octobre, 13 novembre et 11 décembre 2018
D’autres dates pourront être proposées si besoin.
PRIX : 60€ par personne Les ateliers de supervision seront maintenus à partir de 4 participants.
RENSEIGNEMENTS
- supervision.sophrologie@gmail.com
- Inscription
- Mme Brigitte Boulard : 06.30.28.74.91
- ESSA : 01.60.33.01.42
Auteur : Brigitte Boulard
Après de nombreuses années en tant que biologiste dans de grandes entreprises pharmaceutiques, j’exerce aujourd’hui le métier de sophrologue en cabinet et intervient en entreprise. Le goût de transmettre, mon expérience passée dans la coordination et l’animation des équipes m’ont naturellement menée à devenir formatrice après avoir été stagiaire de l’ESSA.
Très rapidement j’ai pris conscience de la solitude du sophrologue face à ses difficultés : émotions, doutes, questionnements…
J’ai entrepris un travail de supervision professionnelle en individuel avec une psychothérapeute analyste et participé à des groupes de supervision. Une aide indispensable pour rester dans l’axe professionnel, pour savoir prendre de la distance et accueillir les phénomènes émotionnels qui se manifestent. Les échanges avec les autres sophrologues et le superviseur m’ont permis d’ancrer ma posture professionnelle, toujours dans l’ouverture, dans le « nouveau regard ».
Aujourd’hui, forte de mes expériences, en continuant toujours les entretiens de supervision, je souhaite à mon tour accompagner, guider, « éclairer » (superviser c’est éclairer du dessus) les sophrologues dans leur souffrance et leur doutes.