Ils sifflent, gazouillent, grincent, vrombissent, sonnent, tintent et bourdonnent… qu’ils se manifestent de manière continue ou intermittente, les acouphènes sont parfois à l’audition ce que les variantes de la puanteur sont à l’odorat. Désagréables donc, voire franchement insupportables !
Acouphène
Sensation auditive persistante (bourdonnements , sifflements, …) perçue en l’absence de toute stimulation sonore. Les acouphènes, autrefois assimilés à tort à des hallucinations auditives, ont le plus souvent une origine organique consistant en un dérèglement de l’oreille interne.
Journée National de l’Audition
Quand elles surviennent de façon ponctuelle, ces sensations auditives n’ont pas de conséquences sur la santé de la personne qui en est l’objet. C’est lorsqu’ils sont répétitifs que les acouphènes peuvent être la cause de nombreux maux.
Lorsque les sons et les bruits deviennent insupportables, on parle d’hyperacousie.
On estime que d’ici 2050, plus de 900 millions de personnes – soit une personne sur 10 souffriront de déficience auditive incapacitante.
OMS • Mars 2020
Acouphènes : recourir à la sophrologie n’est utile que dans certains cas rares et dans le cadre d’un accompagnement médical idoine
Il existe deux formes d’acouphènes :
- les acouphènes dits « objectifs » peuvent être le plus souvent traités : peu fréquents, ils sont le fruit d’un tumulte provoqué par un organe interne (battements de coeur…) et susceptibles d’être entendus par un tiers,
- les acouphènes « subjectifs » sont les plus répandus; ils résultent d’un dysfonctionnement de l’audition qui peut avoir des origines traumatiques (expositions au bruit…) ou organiques (otite, bouchon de cérumen, presbyacousie…) et être amplifiés par des pathologies associées (stress, anxiété…) qui elles-même risquent de nourrir la souffrance auditive.
Bien qu’en France, selon une enquête JNA-Ifop de 2020, on estime à 20 millions le nombre de personnes ayant des acouphènes, dans la grande majorité des cas ceux-ci sont heureusement bénins.
Que les symptômes soient gênants ou pas, la première chose à faire consiste à consulter un spécialiste ORL, seul apte à identifier les causes possibles d’un acouphène.
Dans un second temps, un protocole adapté au patient pourra être développé en collaboration avec d’autres spécialistes : audioprothésistes, kinésithérapeutes, psychologues… ou sophrologues !
Cette démarche s’inscrit dans une prise en charge globale des patients qui tend à se généraliser pour toutes les pathologies chroniques.
C’est arrivé il y a deux ans et demi, et le simple bruit d’une tasse qui rencontre sa soucoupe, même à dix mètres pouvait me terrasser pendant une heure. Là, les petits bruits de fourchettes, je n’aurais pas pu les supporter (…) Dans mon cas, il ne s’agit pas un choc sonore, mais de tensions musculaires qui ont entraîné une névralgie empêchant l’oreille de fonctionner. J’ai eu un peu tous les diagnostics avant de trouver une aide grâce aux médecines parallèles.
Témoignage de Audrey • France Acouphènes • 2014
Pour aider une personne souffrant d’acouphènes les leviers du sophrologue sont étendus
La sophrologie est souvent prescrite par les médecins ORL. De nombreux exercices et techniques peuvent être sollicités, séparément ou de façon combinée, pour aider les personnes victimes d’acouphènes.
Citons en particulier :
- intervention sur le schéma corporel, et le rapport établi à celui-ci dans une approche phénoménologique,
- travail sur la respiration et l’époké,
- exercices de lâcher prise,
- techniques de relaxation dynamiques et de méditation …
Entretien SMILE avec Véronique Galpin, sophrologue spécialiste des acouphènes
Formatrice à l’ESSA, sophrologue et infirmière, Véronique Galpin a participé à une étude destinée à mesurer l’impact d’un protocole sophrologique adapté aux symptômes des acouphènes.
Avec une quinzaine d’autres sophrologues, Véronique a mis en oeuvre ce protocole en cabinet auprès de plus de 100 patients.
Les principaux enseignements de cette étude montrent que le protocole spécifiquement développé pour la prise en charge des acouphènes subjectifs peut permettre d’obtenir une atténuation de leur caractère intrusif, et cela indépendamment de l’ancienneté de l’acouphène, de son origine, de la sévérité du handicap lié à l’acouphène mesurée par le questionnaire THI.
Pôle Sophrologie & Acouphènes • Mai 2020
Que peut-on retenir de l’étude réalisée sur la prise en charge des acouphènes par la sophrologie ?
Véronique Galpin • A travers cette étude réalisée sur 4 ans, rassemblant 17 sophrologues et 140 consultants, nous avons étudié les éventuels effets bénéfiques d’un suivi sophrologique sur des consultants atteints d’acouphènes subjectifs.
Cette étude est la toute première à explorer la possibilité d’améliorer le quotidien des personnes souffrant d’acouphènes.
Au total, 136 des 140 participants ont remarqué une amélioration des symptômes grâce à ce suivi. L’amélioration des symptômes avec des effets concrets a été remarquée par de nombreux participants comme :
- une meilleure gestion des acouphènes et des crises (capacité de mise à distance),
- une meilleure concentration,
- une amélioration du sommeil,
- une vie sociale et professionnelle plus appréciable.
De quelles façons la sophrologie peut-elle soulager les personnes souffrant d’acouphènes subjectifs ?
Ces résultats sont obtenus grâce à l’entraînement sophrologique, fondé sur la répétition vivantielle de la méthode, et petit à petit la dé-focaliser et la prise de distance avec l’acouphène.
Nous parlons aussi souvent d’habituation, c’est à dire le fait d’habituer le cerveau à avoir un nouveau regard à chaque instant, et permet d’observer sans jugement ce qui est, et de ne pas s’y accrocher.
Nous savons que le stress et le manque de sommeil sont des facteurs aggravants des acouphènes.
Et là encore, la sophrologie a toute sa place. Elle propose de casser ce cercle vicieux pour accueillir le changement.
L’oreille est très en lien avec le système limbique, c’est à dire l’émotionnel. Le cerveau limbique permet l’émotion, et il associe aussi l’émotion à un événement stressant. C’est ce qui se produit chez la personne qui souffre d’une façon ou d’une autre de ses acouphènes.
Le cerveau limbique vient graver la focalisation sur les symptômes.
Auriez-vous un exemple d’accompagnement sophrologique que vous auriez mis en oeuvre pour un individu ayant eu des acouphènes ?
La perception de ces sons laisse les consultants dans un grand désarroi et une grande souffrance.
Il est important de rappeler que la prise en charge des acouphènes est un processus de long terme, qui nécessite l’accompagnement de plusieurs experts du domaine auditif : ORL, audioprothésiste…
Il y a pas d’accompagnement tout fait, je m’adapte à chaque consultant.
Cependant, je peux donner les différentes techniques que je mobilise pour cet accompagnement.
Tout d’abord, il est indispensable de posséder les connaissances de base sur les acouphènes, pour accompagner les consultants avec pédagogie.
Le premier pas est l’écoute active du consultant, sans jugement sur son ressenti.
Pour évaluer l’impact de l’acouphène sur le quotidien, comme tous les spécialistes de l’acouphène, j’utilise le THI qui est un questionnaire mesurant l’intensité du handicap.
Puis au fils des séances (6 au minimum) :
- La respiration, formidable outil de détente
- La cohérence cardiaque, rythme de respiration pour avoir une action sur le système neurovégétatif autonome
- Le corps comme réalité vécue
- Mouvements de RD1, pour détendre les tensions du cou, les trapèzes, de la mâchoire
- Déplacement des tensions en Irter
- SPI, trouvé des ressources dans son environnement
- PSLS, pour l’endormissement souvent difficile
- Sophro Capacité, technique ressource pour une vivance profonde de nos propres capacités
- Les 5 sens, technique merveilleuse pour la redécouverte d’autres sens et pas seulement l’ouïe
- Geste signal
- SAP
- SSS avec une couleur
- Position de l’arbre.
En conclusion, voici le retour d’un accompagnement :
Souffrant d’acouphènes depuis mon adolescence, et devant l’impossibilité de m’en débarrasser, j’ai décidé d’essayer des méthodes d’acceptation et de relaxation. J’étais le genre de personnes sceptiques face aux méthodes plus naturelles comme la sophrologie, mais j’ai tout de même souhaité essayer. Résultat : j’ai ressenti les bienfaits dès la première séance, j’ai appris beaucoup d’exercices que je peux refaire à la maison, et j’ai totalement perdu cette négativité liée aux acouphènes. Au fil des séances, j’en suis ressorti grandi et plus optimiste.
A.
Ou peut être plus celui là :
J’ai d’abord appris à respirer, j’y ai trouvé une voie d’apaisement. J’ai découvert que j’avais un corps qui s’exprimait quand l’esprit se retrouve être le seul maître à bord, et j’ai appris à vivre AVEC mon corps. À chaque séance tu prends le temps de m’écouter afin de me proposer “l’outil” qui te semble le plus approprié à la situation du moment. Ma boite à outils se remplit, et je me sens de mieux en mieux parée pour faire face aux événements de la vie.
S.
Journée Nationale de l'Audition 2021
Au programme de cette journée qui se tiendra le 11 mars prochain : messages de sensibilisation, campagnes de prévention, évaluation de la situation auditive des français…
Cette opération constitue le pendant national de l’événement organisé par l’Organisation Mondiale de la Santé et planifié le 3 mars.
Auteur : Eric Eymard