La sophrologie : une méthode progressive et structurée : « Découverte, Conquête, Transformation ». De l’étude de la conscience à la conquête des valeurs de l’existence… Vers une nouvelle quotidienneté
La Sophrologie grâce à une action positive sur les plans physique, émotionnel et mental, est une méthode évolutive qui s’établit sur 3 cycles (fondamental, radical et existentiel) et vise la conquête ou le renfort de l’équilibre entre nos pensées/émotions, nos comportements, nos actions pour arriver à la phase de transformation qui réunit tout ce qui a été intégré progressivement.
Cette évolution est illustrée par un extrait de la République de Platon, dans le livre VII ; dans cette allégorie, Platon évoque :
- L’homme enchaîné, prisonnier de ses certitudes, à l’intérieur de sa caverne (1erdegré)
- Il devra oser enlever ses chaînes (2e degré)
- Puis se diriger vers la sortie (3e degré)
- Pour sortir, malgré le soleil éblouissant (4e degré)
Ces différentes étapes semblent suivre les quatre degrés du cycle fondamental qui sont les plus couramment proposés ; dans mon expérience professionnelle, ce premier cycle offre la possibilité d’un véritable travail en profondeur et aide l’individu à se stabiliser émotionnellement, à retrouver confiance et espoir, valeurs fondamentales qui vont permettre de désamorcer progressivement les stratégies inconscientes d’échec.
Les cycles radical et existentiel sont la suite logique du cycle réductif. Après la première étape de découverte de la conscience (conscience corporelle, mentale, émotionnelle, intuitive et créative, amenant à un schéma corporel renforcé et surtout plus positif) nous allons à la conquête des grandes valeurs radicales de l’Homme (comme la liberté, la tridimentionnalité, la responsabilité et la dignité de l’être humain), de la conscience biologique et de l’historicité phylogénétique et ontogénétique de l’individu en tant que phénomènes, vers une nouvelle quotidienneté, objectif fondamental de la sophrologie caycédienne (le Moi Corporel et le Moi présentiel découverts se mettent en relation pour constituer le Moi Phronique existentiel dans la pratique du 3e cycle).
L’axiologie représente le second objectif de la méthode caycédienne ; le quatrième degré de la Relaxation Dynamique, inspiré de la phénoménologie existentielle, met tout particulièrement l’accent sur la présence des valeurs, dans une ouverture au monde et notre projet de monde : donner un sens à notre existence, vivre en existant. J’ai personnellement éprouvé la sophro-présence des valeurs sur plusieurs séances ; l’ancrage dans la pratique m’a permis de savourer chaque instant avec un ressenti corporel sur lequel le mot paix est venu se poser régulièrement, accompagné d’un doux sentiment de bonheur de me sentir « vivante ».
De-même, il m’arrive en fin de séance selon le contexte et avant les 3 capacités de demander au patient de vivre les valeurs qui font sens pour lui, de les laisser apparaître, de les potentialiser, de laisser faire le phénomène d’une valeur qui ne serait pas attendue ; le retour phénoménologique est souvent traduit comme dynamisant et vivantiellement porteur.
La manence/rétromanence et la séquence VIPHI vont permettre le dévoilement positif de ces valeurs fondamentales, dans un processus de réduction phénoménologique et d’approche vivantielle du monde tissulaire qui intègre la corporalité (peau, muscle, os, organe), étape nécessaire pour dévoiler la conscience cellulaire dans le cycle radical.
La pratique de percussion par les phronèmes/phonèmes va favoriser la stimulation de l’énergie, de la force phronique, dans toute la corporalité, des tissus au monde cellulaire, va découvrir la conscience moléculaire, activer le phénomène (il s’agit de mobiliser le capital biologique) et régénérer tout notre être provoquant la transformation et le sentiment de bonheur vital qui vient du profond, en lien avec la conscience du souffle, de la respiration, du pranã contenu dans l’air comme source essentielle d’énergie : « La vie d’un homme n’est que du souffle qui se rassemble » Lao Tseu.
Dans la pratique, mes vivances parlent des cellules qui pétillent et envoient aux autres cellules un message de vie ; dès lors, je ressens un lien se tisser entre vivance et existence comme une présence qui vient se conjuguer avec mon vécu quotidien.
Par la force de la concentration et de l’attention, je perçois au plus intime, ces passages qui mènent de la conscience du corps physique à une qualité énergétique beaucoup plus fine.
Les marches phroniques des relaxations dynamiques 9 et 10 viennent en cela confirmer cette sensibilité nouvelle en une expérience au sens phénoménologique du terme : pendant ces marches où les questions existentielles relatives à la Liberté (comment me sentir libre ?) et à la Tridimentionnalité des objets (c’est le mot confiance qui se présente) circulent dans mon espace vital, mon regard se pose intuitivement sur deux enseignes : « Mon intérieur personnalisé » et « Lavo Matic » (exercice de sophrologie ludique que j’expérimente quelques jours avant et au cours duquel la notion de Pardon m’apparaît), puis enfin sur le Chiffre 61, qui vient faire résonnance avec l’hexagramme du Yi King « Juste Confiance » dont le contenu textuel traduit la confiance qui vient de soi quand, certain de se tenir à sa vraie place, on est porté à agir en parfaite adéquation avec le moment et l’entourage.
Des liens se font dans l’instanté et le mot « personnalisé » me ramène à la lecture du moment : « Fragments d’un enseignement inconnu » de Ouspensky ( Fragments d’un enseignement inconnu, Ouspensky, p 276, éd. J’ai Lu) : œuvre qui dévoile le possible passage de l’homme automate et endormi à l’homme conscient et libre :
« rappelons que l’homme est constitué de deux parties : essence et personnalité. L’essence dans l’homme est ce qui est à lui, la personnalité ce qui n’est pas à lui, ce qui lui est venu du dehors : les traces d’impression extérieures laissées dans la mémoire et dans les sensations, tous les sentiments créés par imitation. L’essence est la vérité dans l’homme, la personnalité le mensonge. La personnalité est un avantage pour l’homme qui veut dormir, un obstacle pour celui qui veut s’éveiller ».
Ces vivances phroniques au niveau cellulaire et moléculaire viennent me rappeler que pour être libre, il me faut reconnaître que je ne le suis pas…
Pour espérer parvenir à cet état d’ÊTRE, où « l’indulgence envers l’autre n’est pas seulement compassion, mais connaissance du cœur et juste prolongement de l’exigence envers soi-même » (hexagramme 61) : je m’invite à l’observation, à la vigilance et à la confiance en cette vie qui s’exprime et se dévoile… cette vie nichée au cœur même du monde biologique et qu’il convient d’accueillir avec gratitude.
L’idée de la sophrologie est de proposer des outils pour que la vie ne soit plus subie, des outils pour éclairer le chemin… pour trouver les ressources nécessaires, être au plus juste avec soi, avec l’autre.
C’est dans ce processus de conquête de leurs potentiels que les individus de par leur volonté, pourront œuvrer positivement et de façon autonome à leurs propres réalisations (« des problèmes à résoudre soi-même … en le devenant et en voulant le devenir E. Husserl). (à suivre…)
Auteur : Patricia CHAGNEAU
Extrait du Mémoire Sophrologue Spécialiste en Sophrologie Existentielle – ESSA – Avril 2015, Partie I